Les propositions délirantes d’un sénateur écologiste pour le budget de la Défense

Il y a des gens qui ont des avis sur tout, que ce soit sur la pêche à la crevette, l’avenir de la zone euro, la coupe de cheveux de David Bekcham ou bien encore la politique de défense. Mais pour exprimer des opinions pertinentes, encore faut-il maîtriser le sujet sur lequel on les exprime…

Et manifestement, ce n’est pas le cas de l’éditorialiste Hervé Gattegno qui, alors que le président Hollande s’apprête à rendre ses arbitrages sur l’avenir de l’armée française, veut faire rentrer les militaires « dans le rang budgétaire », car, selon lui, ce qui « constitue la principale menace », ce sont « les déficits. »

Pourtant, le journaliste feint d’ignorer que les armées ont déjà supprimé – ou sont en passe de le faire – 54.000 postes, que le nombre de leurs implantations a été réduit de 82 unités, que de nombreux régiments et autres bases aériennes ont été dissous. Aucun autre ministère n’a consenti de tels efforts en l’espace de 5 ans.

Et selon Hervé Gattegno, il faudra « sans doute renoncer à une part de la force de dissuasion, qui coûte des milliards pour ne pas être utilisée – un paradoxe que la crise rend déraisonnable… » Sauf que justement, la bombe nucléaire est une arme de non emploi et que son utilité réside dans les dégâts potentiels qu’elle pourrait provoquer. Pour le coup, cet éditorialiste aurait mieux de se renseigner avant de dire son avis, assorti d’anecdotes éculées.

Et l’on pourrait faire remarquer que la baisse continue du budget de la Défense depuis 30 ans n’a pas empêché les finances publiques de la France d’être dans l’état dans lequel elles sont aujourd’hui. Cela étant, qu’il y ait encore des gisements d’économies, c’est fort probable. Mais il ne faudrait pas non plus jeter le bébé avec l’eau du bain.

En tout cas, l’idée de mettre à la diète les forces armées n’est pas pour déplaire au sénateur écologiste Jean-Vincent Placé. Que ce dernier ne soit pas favorable à la dissuasion nucléaire n’est pas une surprise. Mais pour le reste, c’est du délire!

Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Jean-Vincent Placé affirme que « sanctuariser le budget de la Dédense, c’est du poujadisme » et que « c’est se déconnecter de la réalité. »

Pourtant, la réalité, actuellement, c’est l’intervention militaire française contre les groupes terroristes au Mali, c’est la lutte contre la piraterie, aujourd’hui dans l’océan Indien, demain, dans le golfe de Guinée, c’est la protection de la 2e plus importante zone économique exclusive (ZEE) au monde, c’est le maintien de la paix au Liban, c’est l’emploi non délocalisable de 360.000 personnes dans une industrie qui rapporte 5 milliards d’euros par an au commerce extérieur, c’est un monde qui s’arme, etc.

Plus loin, le sénateur écologiste s’interroge : « à quoi servent toutes nos casernes à l’ancienne dans l’Est de la France? Avec des effectifs de l’armée de terre pour se défendre contre qui?. » Et d’apporter sa réponse : « Oui, on peut encore diminuer les effectifs dans l’armée de terre, ce n’est pas un tabou. A quoi servent nos forces terrestres en dehors des opérations extérieures? En revanche, gardons ce qui est nécessaire et notamment un contingent de 15.000 hommes, transportables, autonomes, efficaces. »

Une armée de Terre avec 15.000 hommes? Comment assurer les missions à la fois extérieures mais aussi intérieures, comme Vigipirate ou encore les interventions en cas de catastrophe naturelle?

Quant aux suppressions d’emplois qui résulteraient de coupes trop importantes dans le budget de la Défense, cela n’est pas dramatique pour Jean-Vincent Placé. Evidemment, quand c’est le boulot des autres, ce n’est jamais un souci…

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