Frappe de l’aviation syrienne au Liban

Le ministre syrien des Affaires étrangères avait prévenu : si des groupes armés continuaient à s’infiltrer en Syrie depuis le Liban pour combattre aux côtés des rebelles qui contestent le régime de Bachar el-Assad, l’armée syrienne allait répliquer fermement.

« Les forces syriennes font preuve de retenue en ne frappant pas ces bandes à l’intérieur du territoire libanais pour les empêcher de traverser en Syrie, mais cela ne durera pas indéfiniment », avait-il écrit, la semaine passée, à son homologue libanais.

« Face à la situation grave dans laquelle se trouve la Syrie, le gouvernement réaffirme sa politique de dissociation par rapport au dossier syrien sur laquelle tous les membres du gouvernement sont d’accord malgré leurs différents points de vue sur ce sujet », avait auparavant indiqué Najib Mikati, le Premier ministre libanais.

Une position réaffirmée après la mise en garde syrienne par le président libanais, Michel Sleimane, pour qui la stabilité du Liban est l’affaire « de nous tous. » « Il ne faut pas envoyer des militants en Syrie et ne pas en recevoir (…). Nous devons maintenir notre neutralité », avait-il ajouté, en soulignant avoir donné l’ordre aux forces libanaises d' »arrêter tout homme armé ayant l’intention (d’aller) combattre (en Syrie), qu’il appartienne à l’opposition ou pas. »

Car si Beyrouth affirme sa neutralité à l’égard du conflit interne à la Syrie, il n’en va pas de même pour les militants du Hezbollah et des groupes sunnites, les premiers soutenant le régime de Bachar el-Assad tandis que les seconds apportent une aide aux rebelles syriens. Des heurts ont d’ailleurs eu lieu notamment dans la ville de Tripoli.

Qui plus est, les incidents frontaliers entre les deux pays sont fréquents et le pays du Cèdre doit faire face à un afflux de réfugiés (360.000 selon les estimations) sur son territoire.

Aussi, le 14 mars, le Conseil de sécurité des Nations unis s’est dit « très inquiet » de l’évolution de la situation et a fait part de sa crainte de voir le conflit syrien mettre en péril la stabilité du Liban. Dans une déclaration, il a ainsi souligné « l’importance de respecter totalement la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale et l’autorité de l’Etat libanais » et demandé à ce dernier de « s’abstenir de toute implication dans la crise syrienne. »

Quoi qu’il en soit, les affirmations des autorités libanaises et les craintes exprimées par le Conseil de sécurité n’ont pas empêché ce qui devait être évité, à savoir un bombardement de l’aviation syrienne sur une localité sunnite au Liban, le 18 mars.

« Des avions syriens ont tiré mardi quatre roquettes lundi sur la frontière entre le Liban et la Syrie, mais je ne peux pas encore dire s’ils ont frappé le territoire libanais ou seulement le territoire syrien », avait dans un premier temps fait savoir un responsable militaire libanais.

Mais le raid a ensuite été confirmé par Washington. Selon le département d’Etat, des avions et des hélicoptères du régime syrien ont tiré des roquettes sur le nord du Liban, précisément sur Wadi Kahil, près de la ville frontalière d’Arsal, dont les habitants seraient favorables à la rébellion syrienne.

« Cela représente une escalade significative dans les violations de la souveraineté territoriale libanaise dont la Syrie se rend coupable », a commenté Victoria Nuland, la porte-parole du département d’Etat.

« Le bombardement aérien syrien contre le territoire libanais est une violation inacceptable de la souveraineté libanaise », a, réagi le président Sleimane, par voie de communiqué, confirmant ainsi le raid dont l’existence a été démentie par Damas.

« Les informations colportées par des médias libanais, arabes et internationaux affirmant que des avions-chasseurs syriens ont lancé des bombes à l’intérieur du territoire libanais sont sans fondement », a fait valoir un responsable du ministère syrien des Affaires étrangères, cité par l’agence officielle Sana. « Le ministère dément totalement cette information et affirme qu’il respecte la souveraineté libanaise et demeure attaché à la sécurité et à la stabilité du Liban frère », a-t-il ajouté.

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