Les propos du président Karzaï mettent en danger les soldats de l’Otan

Le président afghan, Hamid Karzaï, sait parfaitement ce qu’il fait : ses mots sont pensés et pesés avant d’être prononcés. Aussi, alors que la fin de son mandat ainsi que le retrait de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) approchent, ils ne ménagent pas ses critiques à l’égard de Washington.

« Karzaï a le sentiment que les Etats-Unis veulent faire de lui ce que les Britanniques ont fait de Shah Shuja, un pantin qu’ils ont utilisé en fonction de leurs seuls intérêts. Il estime que Shah Shuja n’a pas montré suffisamment son indépendance… Je pense qu’il est préoccupé par son héritage », a expliqué à l’AFP l’historien britannique William Dalrymple, à son sujet, après l’avoir récemment rencontré.

Pour la petite histoire, Shah Shuja Durrani fut l’émir mis en place par les Britanniques en 1839 avant d’être assassiné trois ans plus tard. Mais il aurait tout aussi pu prendre l’exemple du président Mohammed Najibullah, qui s’était maintenu pouvoir grâce au soutien soviétique….

Quoi qu’il en soit, le 9 mars dernier, Hamid Karzaï n’a pas hésité à affirmer que les attentats commis par les taliban servaient les intérêts des Etats-Unis pour leur permettre de se maintenir en Afghanistan après 2014. Des accusations dures à digérer pour Washington, qui est le principal bailleur de fonds du régime afghan.

« C’est catégoriquement faux », avait réagi le général américain Joseph Dunford, le commandant de l’ISAF. « Nous avons combattu trop durement ces 12 dernières années, versé trop de sang (…) pour que l’on puisse penser que la violence et l’instabilité soient à notre avantage », avait-il fait valoir.

Seulement, les déclarations du président afghan, si elles doivent lui permettre d’effacer son image de « marionnette des Américains » (c’est quand même grâce à eux qu’il a pris le pouvoir à Kaboul et ce ne sera de toutes façons difficiles à faire oublier), sont susceptibles de mettre les militaires de l’ISAF en danger.

D’où la mise en garde du général Dunford, écrite dans une note interne et révélée par le New York Times. « Les remarques de Karzaï pourraient être un catalyseur pour des personnes qui cherchent à s’en prendre à nos forces », estime l’officier, qui dit également craindre que le président afghane décrète « des mesures mettant nos forces en danger. »

« C’est un moment difficile dans nos relations », poursuit le général Dunford. Et cela d’autant plus que les insurgés « vont tenter d’exploiter la situation et ont déjà commencé à accroître leur présence à l’approche du printemps », qui correspond au lancement de leur offensive annuelle.

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