Le contrat des 20 Super Tucano destinés à l’armée afghane est une nouvelle fois contesté

Il y a des contrats d’armement dont on ne voit pas la fin. Tel est le cas du contrat LAS (Light Air Support) dont l’objet est de pouvoir doter les forces aériennes afghanes de capacités d’attaque au sol. D’un montant de près de 430 millions de dollars, il se trouve qu’il est très disputé.

Le mois dernier, le tandem formé par le constructeur brésilien Embraer et le groupe américain Sierra Nevada Corporation (SNC), remportait l’appel d’offres du Pentagone pour livrer 20 A-29 Super Tucano aux dépends de Beechcraft, qui avait présenté son AT-6 Texan II.

La même décision avait été prise à la fin de l’année 2011 avant d’être annulée devant la menace de Beechcraft de contester son éviction du marché devant les instances juridiques fédérales. Une seconde procédure fut donc lancée dans la foulée pour, in fine, un résultat identique.

L’on pouvait alors penser que les choses allaient en rester là. Eh bien pas du tout. Avant de décider de qu’ils allaient faire, les dirigeants de Beechcraft ont attendu les explications de l’US Air Force. Et ces dernières ne les ont pas convaincus au point que, encore une fois, ils ont l’intention de déposer une protestation auprès du Government Accountability Office (GAO).

« Nous n’avons tout simpleement pas pu comprendre comment l’US Air Force peut justifier un coût de 40% supérieur – plus de 125 millions de dollars – pour un avion que nous considérons moins performant », a expliqué Bill Boisture, le Pdg de Beechcraft.

« Notre conviction que nous avions le meilleur appareil a été confirmée par les notes de l’Air Force qui indiquent qu’il est exceptionnel. Et le fait que nous avons proposé la solution à moindre coût l’a aussi été avec l’annonce au public du prix du contrat », a-t-il avancé.

« Compte tenu de notre expérience de l’année dernière et de notre forte préoccupation concernant les erreurs encore importantes dans le processus d’évaluation de cette compétition, nous sommes contraints de déposer une protestation auprès de la GAO. L’Air Force doit prendre la bonne décision pour l’avenir de nos alliés », a encore fait valoir Bill Boisture.

Dans cette procédure, le patron de Beechcraft peut compter sur le soutien de l’ International Association of Machinists and Aerospace Workers (IAM), un syndicat à la fois actif aux Etats-Unis et au Canada.

« Je ne sais pas pourquoi le gouvernement américain se plie en 4 pour satisfaire le Brésil alors que nous sommes en plein milieu de la séquestration (coupes budgetaires et hausses d’impôts automatiques, ndlr) mais c’est un crai coup dur pour les travailleurs et les contribuables américains » a réagi Tom Buffenbarger, le président de l’IAM. « L’argument d’Embraer selon lequel leurs avions seraient » assemblés aux Etats-Unis « ajoute l’insulte à la blessure des 1.400 emplois qui seront détruits chez nous », a-t-il ajouté.

Le constructeur brésilien et son partenaire américain n’ont pas manqué de réagir. « Le A-29 a reçu une note exceptionnelle sur ses performances techniques et il présente un faible risque dans toutes les autres catégories. Actuellement, seul le A-29 Super Tucano est opérationnel pour des issions de soutien aérien. Ses capacités et ses antécédents sont parfaitement connus et démontrés. (…) Compte tenu de ces facteurs, nous sommes convaincus que l’Air Force a choisi la solution la moins risquée pour les Etats-Unis et ses partenaires », s’est défendu Embraer dans un communiqué.

En attendant, le GAO dispose de 100 jours pour examiner la requête de Beechcraft et rendre son avis.

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