Des militaires français ont débarqué sur une plage anglaise

La presse d’outre-Manche l’assure, ce n’était pas arrivé depuis 216 ans et la bataille de Fishguard. Des militaires français ont en effet débarqué, le 8 mars, sur une plage anglaise près de Portsmouth, dans le cadre d’un exercice amphibie mené depuis le Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, mobilisé cette année pour la mission Jeanne d’Arc, c’est à dire le stage d’application des élèves officiers de l’Ecole Navale.

Ainsi, ce sont plus de 200 légionnaires du Groupe tactique embarqué (GTE), armé par la 6e Brigade Légère Blindée, qui ont posé le pied sur la plage de Browndown grâce aux engins de débarquement amphibie rapide (EDAR ) et aux Chalands de transport de matériel (CTM) ainsi qu’aux 4 appareils du 3e Régiment d’Hélicoptères de Combat (RHC).

Une fois ces légionnaires débarqués avec leur quarantaine de véhicules, dont des chars AMX-10 RC, plusieurs exercices ont ensuite été effectués en coopération avec les militaires britanniques.

Ce n’est pas la première fois depuis plus de 2 siècles que des troupes françaises débarquent au Royaume-Uni. Cela avait été par exemple le cas en octobre 2008, en Ecosse, dans le cadre de l’exercice Joint Warrior. Mais c’était dans un contexte multinational, avec la participation de la Belgique, des Pays-Bas, du Danemark et des Etats-Unis.

Quoi qu’il en soit, cet exercice qui a donné l’occasion aux élèves officiers de la mission Jeanne d’Arc d’apprendre les procédures relatives aux opérations amphibies, permet de se souvenir de la bataille de Fishguard, qui fut la dernière tentative (ratée) d’une force étrangère de débarquer en Grande Bretagne.

A l’époque, le Directoire décida d’apporter son soutien aux républicains irlandais engagés dans une rébellion contre l’autorité de Londres. Une opération fut confiée au général Lazare Hoche, lequel imagina une diversion avec un débarquement de 1.400 hommes (la Légion Noire) dans le secteur de Fishguard (Pays de Galles), commandés par le colonel William Tate, un irlando-américain.

Ayant réussi à déjouer le blocus que la Royal Navy imposait à Brest, l’expédition française, comprenant 4 navires, parvint à atteindre les côtes galloises le 22 février 1797. Les défenseurs locaux s’étant repliés, le colonel Tate put établir son quartier général à Trehovel. Seulement, l’indiscipline de ses troupes (formées, pour l’essentiel, d’anciens prisonniers et de mercenaires) ainsi que le mauvais temps causèrent l’échec de l’opération.

Le contingent français dut faire face à l’hostilité des habitants – une coordonnière, Jemina Nicholas, prétendit avoir capturé à elle seule 12 soldats avec une fourche – et déposa finalement les armes, 2 jours plus tard, après s’être fait rouler par Lord Cawdor, lequel avait habilement fait croire qu’il était à la tête d’une importante force d’élite…

Pour la petite histoire, des officiers français retenus prisonniers après cet épisode réussirent à s’évader grâce à la complicité de deux jeunes galloises que deux d’entre eux avaient su séduire lorsque ces dernières venaient apporter de la nourriture dans leur cellule. Cerise sur le gâteau, il s’emparèrent du yacht de Lord Cawdor pour revenir en France. Le coup de bluff était ainsi vengé…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]