Hausse de 5,2% du budget indien de la Défense

Alors que ses indicateurs économiques ne sont pas aussi bons que prévu, les analystes pensaient que l’Inde allait faire preuve de retenue budgétaire pour la prochaine année fiscale qui commencera le 1er avril prochain. Le pays a en effet enregistré un taux de croissance de seulement 4,5% au lieu des 7,6% espérés, ce qui représente sa pire performance de ces dix dernières années et son déficit public est jugé trop élevé, avec un niveau de 5,2% de son Produit intérieur brut (PIB).

Pour autant, et bien que le ministre des Finances indien, P. Chidambaram, a fixé comme objectif de réduire ce déficit à 4,8% en 2013-2014, New Delhi a prévu d’augmenter ses dépenses publiques de 16% afin de doper la croissance de son économie en tentant de réduire la pauvreté. Cette décision est financée par la réduction de subventions gouvernementales et plus de rigueur dans certains domaines d’intervention de l’Etat.

« Le développement durable est notre mantra, la croissance doit mener à un développement ‘complet’. (…) Eu égard à la pluralité et la diversité de l’Inde, de nombreuses parties seront laissées de côté si nous ne leur accordons pas d’attention. Le gouvernement croit en un développement humain pour tous et j’espère que ce budget sera une preuve de cet engagement », a expliqué P. Chidambaram, la semaine passée.

Aussi, à un an des élections législatives, la part belle sera faite aux dépenses sociales, avec des hausses spectaculaires de certains budget (+22% pour l’agriculture, +17% pour l’Education, +46% pour le développement rural). Pour ce qui concerne les forces armées indiennes, elles verront leurs ressources progresser de 5,2%, ce qui les portera à 37,45 milliards de dollars.

Cette hausse est modeste par rapport à celle de +17% qui fut annoncée l’an passée. Et cela d’autant plus que le taux d’inflation annuel devrait être encore important (de l’ordre de 6% selon les prévisions) Ce qui suppose que les forces armées indiennes ne se moderniseront pas aussi vite qu’elles l’espéraient.

Ainsi, et notamment en raison de l’annulation de plusieurs contrats d’armement pour des faits de corruption, l’armée indienne – plus particulièrement sa composante terrestre – serait dans un « état alarmant », selon le général Vijay Kumar Singh, qui avait dénoncé cette situation l’an passé, à pareille époque.

Cependant, cet effort de défense modeste au regard de ces dernières années, avec les éventuelles restrictions budgétairesne qu’il suppose, ne devrait pas remettre en cause l’achat de 126 Rafale auprès de Dassault Aviation. Du moins, c’est ce qu’avaient affirmé des responsables indiens en février dernier.

Quoi qu’il en soit, certains s’inquiètent, à New Delhi, de voir que, pendant le même temps, la Chine augmentera ses dépenses militaires de plus de 10%. Et leur crainte est accentuée par la mainmise de Pékin sur le port pakistanais de Gwadar, ce qui laisse augurer, même si les officiels chinois s’en défendent, d’une tentative d’encerclement de l’Inde selon la stratégie du « collier de perles ».

« Malheureusement, la volonté de préparer nos forces armées pour faire face au défi chinois ne se reflète pas dans les préparatifs militaires de l’Inde. Le budget de la Défense a été le plus durement touché (…) sous le prétexte de la croissance économique morose. (…) Les dépenses indiennes de défense exigent un énorme coup de pouce pour que la réthorique de la montée en puissance économique et militaire du pays puisse devenir une réalité », estime par exemple The New Indian Express, dans son édition du 6 mars.

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