Etats-Unis : La médaille pour les opérateurs de drones contestée par les vétérans
Comme le soulignait Leon Panetta, le désormais ancien secrétaire américain à la Défense, les drones ont « changé la façon de faire la guerre » depuis qu’ils sont engagé sur des théâtres d’opérations extérieurs. Que ce soit pour des missions de surveillance ou des frappes ciblés, ils sont aujourd’hui devenus incontournables.
Et depuis que Barack Obama est arrivé à la Maison Blanche, le recours aux drones s’est encore accru. Et la charge de travail de leurs pilotes aussi. Même si ces derniers ne sont pas présents physiquement près des zones de combat, il n’en reste pas moins qu’ils peuvent les influencer en tirant un missile depuis leur container climatisé aux Etats-Unis. D’ailleurs, plusieurs études médicales ont mis en avant qu’ils sont soumis à un stress intense, et, parfois, à des syndromes de stess post-traumatiques.
Seulement, ces pilotes – ou opérateurs – ne sont pas exposés aux risques que prennent leurs camarades aux commandes d’un chasseur bombardier. Et leur avancement s’en ressent puisque leurs taux de promotion dans un grade supérieur est faible.
Pour reconnaître leurs mérites, le Pentagone a annoncé, le mois dernier, la création de la Distinguished Warfare Medal qui leur sera spécialement dédiée. Cette récompense, qui concerne aussi les spécialistes de l’informatique (le cyberespace peut être vu comme un autre champ de bataille), ne leur sera décernée seulement si leurs actions ont eu un « impact direct sur les opérations de combat ».
« Cette distinction reconnaît la réalité de la nature de la guerre technologique dans laquelle nous sommes engagés au XXIe siècle », avait commenté Leon Panetta, au moment de l’annonce de la création de cette médaille.
Seulement, la Distinguished Warfare Medal pose problème. Car elle aura un rang supérieur à la Bronze Star, qui est une marque de reconnaissance des actes de bravoure devant l’ennemi, ainsi qu’à la Purple Heart, décernée aux soldats blessés ou tués au combat.
Les vétérans du Military Order of the Purple Heart sont donc montés au créneau pour dénoncer la décision du Pentagone. Pour ces derniers, considérer que les services rendus par ces pilotes de drones ou spécialistes de la cyberguerre au-dessus de l’héroïsme est « dégradant et insultant pour les soldats, aviateurs et marins américains qui risquent leur vie et subissent les rigueurs quotidiennes des combats dans une environnement hostile. »
« Ces gars sont acharnés au travail, dévoués et bons dans ce qu’ils font, mais c’est complètement différent avec les difficultés de servir au combat et d’être sur le champ de bataille », a insisté, au sujet des pilotes de drones, John Bircher, le porte-parole de l’association. Mais elle n’est pas la seule à contester le rang de la Distinguished Warfare Medal par rapport à d’autres décorations.
Une pétition en ligne a été lancée pour être adressée à la Maison Blanche. Il a déjà obtenu 15.000 signatures. Il en faudrait au moins 100.000 pour que l’administration Obama soit contrainte d’apporter une réponse.
Sans attendre, 5 vétérans élus au Congrès ont lancé leur propre initiative, en déposant une projet de loi visant à interdire au Pentagone d’accorder à la Distinguished Warfare Medal un rang supérieur ou égal à celui de la Purple Heart. Et il y a de la marge parmi les 60 médailles existantes…
Pour le moment, le Pentagone campe sur sa position. « Le département de la Défense reste déterminé à honorer les opérateurs de d’aéronefs pilotés à distance et les spécialistes de la guerre cybernétique », a fait valoir George Litte, son porte-parole. » C’est une reconnaissance de leurs contributions importantes et de la nature changeante de la guerre » a-t-il ajouté.