F-35 : Lockheed-Martin et Pratt&Whitney sévèrement tancés par le Pentagone

Six jours après avoir été cloués au sol après la découverte d’une aube fissurée sur une turbine d’un moteur, les avions F-35 ont été autorisés à reprendre les vols d’essais par le Pentagone, les vérifications effectuées à cette occasion ayant permis de conclure à un cas isolé.

Cependant, les investigations continuent pour déterminer la cause de ce défaut constaté sur l’un des 51 appareils assemblés pour mener à bien la phase d’essais du programme F-35, dont Lockheed-martin est le maître d’oeuvre.

Cependant, chez Pratt&Whitney, le motoriste qui fournit les réacteurs F-135 de l’avion, l’on se dit « convaincu » que le problème détecté la semaine passée n’est pas liée à un phénomène d’usure. C’est du moins ce qu’a affirmé une source « proche du dossier » citée par l’agence Reuters. Il vaudrait mieux que ce soit effectivement le cas, faute de quoi les modifications éventuelles pourraient lui coûter cher au final.

Mais cet incident, aussi isolé soit-il, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour le responsable du projet au Pentagone, le lieutenant-général Christopher Bogdan. Et l’officier a de quoi être énervé car il s’agit de la deuxième fois depuis le début de l’année qu’une mesure d’interdiction de vol concernant les F-35 a été prise, la première ayant visé les appareils de la version B, celle à décollage court et à atterrissage vertical (STOVL).

Lors d’une conférence de presse donnée en Australie, pays qui doit décider d’acquérir le F-35 ou augmenter le nombre de ses F-18, le lieutenant-général Bogdan n’a pas mâché ses mots à l’égard de Lockheed-Martin et de Pratt&Whitney.

« Ce que je constate actuellement, a-t-il dit au sujet des deux industriels, c’est qu’ils essaient de ponctionner le moindre sou pour nous vendre le tout dernier F-35 et le tout dernier moteur. » Et d’ajouter : « Ce que je leur demande, c’est de signer pour les 40 prochaines années, de prendre à leur compte une partie des risques inhérents à ce programme, de s’investir dans la réduction des coûts. J’attends d’eux qu’ils construisent avec nous une meilleure relation. Je ne ressens pas encore cette envie pour le moment. »

Ce n’est pas la première fois que le lieutenant-général Bogdan fait une pareille sortie. En septembre dernier, il avait affirmé que la relation entre le constructeur et ses services était « la pire » qu’il n’avait jamais vue.

« Aujourd’hui, je vais gérer ce programme comme s’il n’y avait pas plus de temps et plus d’argent » avait-il affirmé l’époque, avant d’ajouter que la manière dont étaient traitées les affaires avec Lockheed-Martin devaient « fondamentalement changer ». Mais s’il est obligé de remettre une nouvelle fois les pendules à l’heure, cela montre que son « coup de gueule » de septembre dernier n’aura pas servi à faire avancer les choses.

Depuis son lancement, en 2001, le programme F-35, encore appelé Joint Strike Fighter, n’a cessé de prendre du retard avec une hausse des coûts telle qu’il est surnommé le « trillion program » outre-Atlantique.

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