La Corée du Nord a réalisé son troisième essai nucléaire

Après le vote, en janvier, par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2085 condamnant le tir d’une fusée Unha-3 et élargissant les sanctions qui lui sont appliquées, la Corée du Nord avait menacé de réaliser son troisième essai nucléaire, après ceux effectués en 2006 et en 2009.

Et Kim Jung-un, le chef du régime de Pyongyang, d’annoncer, au début du mois, un « tournant majeur dans l’amélioration des capacités militaires » nord-coréennes à venir. Tout laissait donc à penser qu’un troisième essai nucléaire était imminent, malgré les froncements de sourcils du grand frère chinois, proche allié de la Corée du Nord.

Restait à savoir la nature de l’essai que la Corée du Nord allait réaliser. Il a ainsi été question d’une bombe utilisant de l’uranium comme matériau fissile, ce qui serait une première étant donné que les deux précédents tests avaient été effectués avec du plutonium. La question d’une éventuelle miniaturisation d’une arme nucléaire nord-coréenne est aussi une source d’inquiétude, étant donné que cela permettrait d’en monter une sur un missile balistique.

Aussi, et avec les progrès nord-coréens en matière de technologie balistique, cet essai était attendu non sans impatience par les services de renseignement américains, japonais et sud-coréens dans la mesure où il donnerait des indications précises sur l’état d’avancement du programme nucléaire de Pyongyang. Ce qui permettrait d’avoir une meilleure évaluation de la menace posée par le régime de Kim Jung-un, que ce soit dans la région Asie/Pacifique ou bien en matière de prolifération, la Corée du Nors ayant tendance à partager ses technologies….

Finalement, il n’aura pas fallu attendre longtemps pour se faire une idée. En effet, ce 12 février, la Corée du Nord a annoncé avoir procédé à cet essai nucléaire attendu en précisant qu’un engin « miniaturisé » avait été utilisé.

« Ce test nucléaire de haut niveau, avait, contrairement à ceux du passé, plus de puissance explosive et a utilisé un engin miniaturisé et plus léger », a indiqué l’agence officielle KCNA. Il « a été mené dans le cadre de mesures visant à protéger notre sécurité nationale et souveraineté contre l’hostilité incessante des Etats-Unis, qui ont violé le droit de notre république à mener des lancements pacifiques de satellite », a-t-elle encore ajouté.

Selon la Corée du Sud, la secousse sismique enregistrée au moment de cet essai aurait eu une magnitude estimée entre 4,9 et 5,1, avec pour épicentre la région de Kilju, où est situé le site de Puggye-ri, habituellement utilisé pour les tests nucléaires nord-coréens. Le ministère sud-coréen de la Défense a évalué la puissance de l’explosion entre 6 et 7 kilotonnes, soit deux fois moins que la puissance de la bombe larguée par les Etats-Unis sur Hiroshima en 1945 (15 kt).

Le Centre américain de géophysique (USGS) a également relevé une activité sismique dont l’hypocentre serait situé à environ un kilomètre de profondeur. Quant à l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO), basée à Vienne, l’explosion détectée en Corée du Nord est « identique aux précédents essais nucléaires nord-coréens. »

Quoi qu’il en soit, ceux qui comptait sur Kim Jung-un pour mener une politique différente de ses prédécesseurs en sont pour leurs frais. Avec cet essai, la Corée du Nord joue clairement la carte de la provocation et qu’elle est prête à faire cavalier seul en faisant fi des avertissements de son principal allié chinois, sans lequel elle serait en plus difficulté économique qu’elle ne l’est actuellement.

Les réactions internationales n’ont en tout cas pas tardé. « C’est une violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité », a fait savoir Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, qui a condamné cet essai tout en le qualifiant de « profondément déstabilisateur ».

Le président américain, Barack Obama, a également dénoncé « l’essai nucléaire provocateur mené par la Corée du Nord qui ne rend pas le pays plus sûr » et appelé « à une action internationale rapide et crédible de la communauté internationale. »

Pour le chef de la Maison Blanche, « loin d’atteindre le but affiché de devenir un pays fort et prospère, la Corée du Nord s’est au contraire de plus en plus isolée et a appauvri son peuple en recherchant à mauvais escient à se doter d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs. » Et de préciser que « les Etats-Unis continueront également de prendre les mesures nécessaires pour se défendre ainsi que nos alliés. Nous allons renforcer l’étroite coordination avec nos alliés et partenaires. »

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