Mali : Un camp militaire attaqué à Bamako… par des forces maliennes

Alors que le Mali est le théâtre d’une intervention militaire française et africaine pour chasser les jihadistes qui s’étaient établis l’an passé au Nord, l’armée malienne étale ses divisions au grand jour avec l’attaque du camp de Djicoroni, où sont installés les « Bérets rouges » du 33e Régiment des commandos parachutistes, restés fidèles à l’ex-président Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars 2012 par un putsch fomenté par le capitaine « béret vert » Amadou Sanogo.

Ainsi, le camp de Djicoroni a été attaqué, ce 8 février, par des éléments de l’armée malienne. « Depuis 06H00 (locales et GMT), des militaires lourdement armés, tous corps confondus, ont attaqué le camp. En ce moment même, ils sont en train de tirer sur nos femmes et nos enfants », a affirmé Yaya Bouaré, un « Béret rouge ». « Il y a plusieurs blessés dans le camp », a-t-il précisé. Des blindés légers de type BRDM auraient été aperçus à proximité.

Ce n’est pas la première fois que des incidents, parfois graves, ont opposé les Bérets rouges de l’ex-garde présidentielle du président Touré aux hommes du capitaine Sanogo au cours de ces derniers mois. En avril, les parachutistes, avaient lancé un contre-coup d’Etat manqué en attaquant notamment le quartier général de la junte alors au pouvoir.

Par la suite, les Bérets rouges ont fait l’objet d’arrestations arbitraires et de vexations. Des accusations de tortures ont même été portées à l’encontre des Bérets verts du capitaine Sanogo. Ce dernier, bien qu’il ait accepté de rendre le pouvoir à des civils, reste encore influent à Bamako. Ce serait lui qui aurait ainsi poussé vers la sortie le Premier ministre malien Cheikh Modibo Diarra, en décembre dernier.

Le 31 janvier, 26 Bérets rouges qui étaient détenus illégalement depuis 9 mois ont finalement été libérés par une décision de justice. Mais visiblement, les rancunes sont tenaces. De même que la défiance. Cette semaine, le chef d’état-major malien, le général Tahirou Dembélé, a fait part de sa décision d’envoyer les parachutistes combattre au Nord-Mali.

« Comme on a le problème du Nord sur les bras, vous allez combattre auprès de vos autres frères d’armes », a-t-il affirmé, à l’issue d’un entretien avec le commandement des Bérets rouges.

Officiellement, le 33e RCP n’a pas été dissous, malgré l’intention du capitaine Sanogo de le faire. Pour autant, le général Dembélé a décidé de réaffecter ses hommes dans d’autres unités, « parce que, a-t-il avancé, si vous êtes à Bamako on fera toujours face aux mêmes problèmes. »

« Tout le monde n’a pas rejoint son unité d’affectation (…) il y en a 417 qui ont rejoint leur unité d’affectation. Mais il y a une partie à Bamako qui refuse d’obéir à leurs autorités. Ils ont pris l’habitude de se réunir au camp. On a donc pris la décision de dégager les éléments qui vont se rassembler », a également annoncé le général Dembélé. Chose qui, visiblement, est en train de se faire. Environ 800 « Bérets rouges » seraient encore présents à Bamako.

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