Baisse quasi généralisée des budgets militaires des pays membres de l’Otan

Les années se suivent et se ressemblent. Malgré les appels lancés par les responsables américains à leurs homologues européens pour que ces derniers prennent davantage à leur charge leur propre sécurité, les dépenses militaires des pays membres de l’Alliance atlantique sont une nouvelle fois orientée à la baisse. Au point que cela inquiète le secrétaire général de l’Otan, qui a présenté, le 31 janvier, le rapport annuel de cette organisation.

Ainsi, seulement 3 pays respectent le critères des 2% du PIB consacrées aux dépenses militaires, à savoir les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Grèce. Et encore, cela ne signifie pas pour autant que les budgets de défense se maintiennent, notamment pour Athènes, étant donné que l’économie grecque est en récession.depuis au moins 5 ans.

Pour ce qui concerne la France, les ressources allouées aux forces armées se maintiennent grosso-modo depuis 2007, avec toutefois un bon point : la part des acquisitions de nouveaux équipements dans le budget de la Défense est la plus élevée des 28 pays membres de l’Otan.

« Malgré la crise économique de ces dernières années, l’Alliance reste la plus importante puissance militaire au monde. Les budgets alloués à la défense par les pays de l’Otan continuent de représenter plus de la moitié des dépenses de défense à l’échelle mondiale », explique Anders Fogh Rasmussen, en introduction du rapport annuel.

Pour le moment, donc, il n’y a pas péril en la demeure. Mais pour combien de temps, au rythme où vont les choses? Car, comme l’a aussi avancé le secrétaire général de l’Alliance, « le déséquilibre entre Alliés va grandissant, non seulement entre pays d’Amérique du Nord et pays d’Europe, mais aussi entre Alliés européens. »

Et c’est sans compter sur la progression des dépenses militaires des pays émergents, notamment en Asie. « La montée des puissances émergentes pourrait créer un déséquilibre de plus en plus marqué entre leur capacité d’agir et d’exercer une influence sur la scène internationale et la nôtre », avance M. Rasmussen.

Ainsi, les disparités entre les dépenses militaires des pays européens feront que certains seront mieux équipés que d’autres. Ce qui mettra à mal la cohérence des alliés et donc, leur capacité à travailler ensemble pour régler des crises à l’échelle internationale.

Seulement, la crise économique n’arrange pas les choses. Et certains pays, comme l’Espagne et l’Italie, ont été contraints de tailler dans leurs dépenses militaires afin de tenter d’équilibrer leurs finances publiques. L’équation est donc compliquée à résoudre.

« Notre sécurité repose sur notre prospérité : sans argent, pas de sécurité. Mais inversement, notre prospérité repose sur notre sécurité », a estimé M. Rasmussen lors d’une conférence de presse donnée à Bruxelles. « Nous devons investir pour que nos sociétés restent sûres. Parce que les menaces sécuritaires ne vont pas disparaître d’elles-mêmes pendant que nous nous attachons à remédier à la situation économique », a-t-il ajouté.

Conscient qu’investir dans les programmes militaires « ne réglera pas » les problèmes économiques, Anders Fogh Rasmussen a toutefois mis en garde contre des coupes beaucoup trop drastiques. « Si nous réduisons nos dépenses de défense dans de trop grandes proportions, pendant trop longtemps, nous pourrions en fait aggraver la situation économique », a-t-il fait valoir.

« Opérer des coupes disproportionnées dans les budgets de défense revient à affaiblir non seulement nos forces armées, mais aussi les industries qui les soutiennent et qui sont d’importants leviers pour l’innovation, l’emploi et l’exportation. Cela risque de conduire à une dangereuse spirale d’érosion de la croissance et de réduction des forces armées, en termes d’effectifs comme d’efficacité, surtout en Europe », a-t-il expliqué.

Aussi, l’ancien Premier ministre danois a fait 3 propositions : résister à la pression exercée sur les budgets de défense, étant donné qu’il « y a un seuil sous lequel nous ne pouvons descendre en matière de dépenses de défense si nous voulons continuer d’assumer nos responsabilités », commencer à pallier les déséquilibres à mesure que les économies vont mieux et « ancrer nos capacités. »

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