Mali : Après la reconquête de Gao et de Tombouctou, tout est loin d’être encore terminé
Par bien des côtés, les opérations françaises qui ont permis de reprendre les villes de Gao et de Tombouctou tombées aux mains islamistes, l’an passé, ressemblent à ce que l’on appelle la « guerre éclair », ou Blitzkrieg.
Cette tactique avait été empoyée par le général américain Tommy Franks lorsqu’il s’était agi de renverser le régime de Saddam Hussein, en mars 2003. A l’époque, il avait été dit que les forces américaines engagées dans cette opération étaient allées plus loin et plus vite que jamais auparavant, Bagdad étant tombé quelques semaines plus tard après le début du lancement de l’opération Iraqi Freedom.
La guerre éclair repose sur 4 principes : tromper l’adversaire en l’attaquant là où il s’y attend le moins, s’assurer de la maîtrise totale du ciel, percer en mettant l’accent sur secteurs restreints, frapper en profondeur avec des troupes agiles et faire suivre des moyens plus imposants pour éventuellement éliminer des poches de résistance. Le but est de se battre le moins possible tout en cherchant rapidement un résultat définif.
Pour le coup, les troupes françaises engagées dans l’opération Serval ont parfaitement accompli cette manoeuvre, qui plus est sur des grandes distances (Tombouctou est à 700 km au nord de Bamako, pour donner une échelle de grandeur).
Se pose maintenant la question de la phase suivante. En mai 2003, le chef de la Maison Blanche d’alors, George W Bush, avait déclaré sur le pont du porte-avions Abraham Lincoln, que « l’essentiel des combats » était « terminé en Irak ». Près de 10 ans plus tard, le président Hollande a affiché plus de prudence au sujet de l’intervention au Mali. « Nous sommes en train de gagner cette bataille », a-t-il affirmé, en y association les armées africaines.
Pour autant, les jihadistes ont visiblement refusé de livrer le combat et se sont repliés vers le nord du Mali, où ils ont établi leurs refuges traditionnels. La raison de leur attitude peut s’expliquer par fait qu’ils ont parfaitement conscience qu’ils ne sert à rien de résister contre des troupes mettant en oeuvre des moyens qu’eux-mêmes sont bien loin de disposer. S’ils veulement continuer le combat – et rien pour l’instant n’indique le contraire – ils se livreront probablement à des attentats et à des embuscades. Et cela d’autant plus que, étant mobiles, les grandes distances, toujours difficiles à contrôler, s’y prêtent (et les convois logistiques seront une cible de choix).
Autrement dit, ils n’ont pas été « détruits » et la menace qu’ils posent reste entière. Selon le président Hollande, il reviendra aux troupes africaines d’aller les déloger de leurs repaires, situées notamment dans la région de Kidal, dans l’Adrar des Ifoghas. Là, l’on risque d’avoir des combats du même type que ceux livrés en Afghanistan voire à ceux menés au Tchad contre les rebelles du FROLINAT dans les années 1970.