Les mystères du site nucléaire iranien de Fordo

Selon un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le complexe de Fordo, près de Qom, en Iran, abriterait plus de 2.000 centrifugeuses utilisées pour l’enrichissement d’uranium à 20%.

Ce site, dont l’existence a été reconnue par Téhéran en 2009 après avoir été mis devant le fait accompli, est particulièrement bien protégé dans la mesure où il a été installé sous une montagne, avec une caserne des Gardiens de la Révolution (Pasdaran) établie à proximité. Autrement dit, l’accès y est difficile et les bombes anti-bunker, du moins la plupart, seraient même inefficaces.

Le 25 janvier, le site Internet WorldNetDaily (WND), dit proche des neo-conservateurs américain, a indiqué qu’une explosion avait eu lieu à Fordo, quelques heures avant les élections législatives israéliennes, à 100 mètres de profondeur. S’appuyant sur les déclarations d’un ancien agent des services iraniens, Hamidreza Zakeri, le média a précisé que 240 employés avaient été ensevelis.

D’après le quotidien britannique The Times, des responsables israliens ont confirmé cette explosion, sans toutefois préciser si elle avait été causée par un sabotage ou un accident. « Nous en sommes encore au stade préliminaire d’essayer de comprendre ce qui s’est passé », a déclaré l’un d’entre eux au journal londonien.

De son côté, le ministre israélien de la Défense civile, Avi Dichter, a déclaré que « toute explosion en Iran qui ne blesse pas les gens, mais met a mal ses actifs, est la bienvenue. »

Seulement, cette information a été formellement démentie par Téhéran. Le vice-président de l’Organisation iranienne de l’Energie atomique (OIEA), Seyyed Shamseddin Barbaroudi, a affirmé qu’il n’y avait pas eu d’explosion à Fordo et a parlé de rumeur. « Il s’agit d’une campagne d’intoxication lancée par l’Occident, à l’approche des négociations Iran/5+1 (ndlr, Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) », a renchérit Alaeddine Boroujerdi, le président de la commission de la sécurité nationale et de la politique extérieure du Parlement iranien.

Par le passé, de mystérieuses explosions ont visé des installations iraniennes, comme celle de la base Imam Ali, située près de Khorramabad, en octobre 2010. Ou bien encore celle de la base Amir el-Momenin, située à Bidganeh, à une vingtaine de kilomètres de Téhéran, un an plus tard. Dans un cas comme dans l’autre, les autorités iraniennes avaient reconnu des incidents mais rejeté toute idée de sabotage.

Cela étant, il est aussi clair que le site de Fordo intéresse au plus haut point les services de renseignement, tant occidentaux qu’israéliens. Le quotidien « The Sunday Times » avait ainsi récemment révélé qu’un dispositif d’espionnage avait été découvert par les Pasdarans alors qu’il avait été dissimulé dans un rocher. Les Britanniques avaient utilisé un système similaire à Moscou.

Quoi qu’il en soit, les Etats-Unis ont donné du poids aux dénégations iraniennes. « Nous ne pensons pas que ces informations soient dignes de foi », a ainsi déclaré, le 28 janvier, Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche. « Nous ne sommes pas en possession de renseignements qui confirmeraient ces informations et nous ne pensons pas qu’elles soient dignes de foi », a-t-il insisté.

En attendant, les discussions entre l’Iran et le groupe P5+1 au sujet de son programme nucléaire controversé sont dans l’impasse. La voie de la négociation, assortie de sanctions économiques, est privilégiée par Washington.

Mais pour le moment, l’on passe plus de temps à discuter sur les modalités de l’éventuelle prochaine négociation que sur les activités nucléaires iraniennes en elle-même. Le 28 janvier, Téhéran a ainsi rejeté une date pour la tenue d’une future réunion.

Par ailleurs, si l’on en croit Téhéran, l’Iran aurait envoyé un singe dans l’espace avant de le récupérer sur terre. Si tel est vraiment le cas, ce serait une nouvelle étape franchie dans le programme balistique iranien, que les sanctions économiques pourtant infligées au pays n’auraient visiblement pas atteint. La fusée utilisée serait inspirée du missile Shahab-3, lui-même dérivé du Nodong1 nord-coréen, copié sur le Scud soviétique.

Sans pour autant avoir une confirmation de cette information, le département d’Etat américain a toutefois protesté. « J’ai vu les images de ce pauvre petit singe se préparant à aller dans l’espace. Nous n’avons aucun moyen de confirmer d’une manière ou d’une autre ce qui est arrivé à ce primate », a commenté Victoria Nuland, une porte-parole de la diplomatie américaine.

« Tout lancement dans l’espace d’un engin capable de placer un objet en orbite est directement lié au développement de missiles balistiques de longue portée », a-t-elle souligné, avant de rappeler que la « résolution 1929 du Conseil de sécurité de l’ONU interdisait à l’Iran de mener toute activité liée à des missiles balistiques capables de porter des armes nucléaires ».

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