Le service militaire sera maintenu en Autriche

En 2011, le ministre autrichien de la Défense, Norbert Darabos, avait préconisé le passage à une armée de métier au format réduit de 22.000 hommes, avec la mise en place d’une garde nationale pour faire face aux éventuels. Le tout sur fond de réduction des dépenses militaires. Bien évidemment, cette réforme supposait la fin de la conscription.

Seulement, ce projet suscita une forte opposition, à commencer par celle du général Entacher, le chef d’état-major de la Bundesheer, qui fut même relevé de ses fonctions pour avoir publiquement critiqué son ministre de tutelle, avant de finalement être réintégré.

Au sein du gouvernement de grande coalition, le passage à une armée de métier divise à front renversé, les sociaux-démocrates du SPÖ et les Verts y étant favorables alors que les conservateurs de l’ÖVP ont marqué leur préférence pour le maintien de la conscription.

Du coup, un référendum avait été annoncé pour le début de cette année. Et manifestement, l’engagement de la presse à grand tirage en faveur d’une armée professionnelle n’a pas convaincu les électeurs autrichiens : 60% ont voté en faveur du maintien du service militaire.

Plusieurs facteurs ont, semble-t-il, motivé ce choix, comme le coût d’une armée de métier, le recrutement, les missions à l’étranger ou encore la capacité à intervenir en cas de catastrophe naturelle. Qui plus est, les opposants à ce projet ont craint que la neutralité autrichienne soit remise en cause par un éventuel abandon de la conscription.

Chaque année, 22.000 jeunes autrichiens effectuent un service militaire d’une durée de 6 mois. Ceux qui ne le souhaitent pas – environ 14.000 – peuvent opter pour un service civique de trois mois de plus. L’armée autrichienne, qui compte 55.000 hommes, est engagée dans des opérations de maintien de la paix sous la bannière des Nations unies, que ce soit dans les Balkans, au Liban ou encore sur le plateau du Golan.

Le débat autrichien sur le maintien d’un service militaire se pose également en Suisse, où le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) a lancé une initiative populaire visant à abroger son caractère obligatoire.

La commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats a recommandé de rejeter cette dernière, au motif qu’une « milice composée exclusivement de volontaires ne parviendrait pas à garantir la sécurité du pays et se heurterait à des problèmes de recrutement. » Autres arguments avancés : le service militaire assure une mixité sociale et régionale tout en permettant de mobiliser autant d’hommes nécessaires pour faire face à une menace.

Alors que, sur le Vieux Continent, l’Allemagne et la Suède ont récemment décidé de suspendre la conscription, comme l’avait décidé la France en 1996, le service militaire est encore en vigueur à Chypre, au Danemark, en Estonie, en Finlande, en Norvège et en Suisse. C’est aussi le cas en Turquie, pays membre du Conseil de l’Europe.

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