De nouvelles aides européennes à l’opération Serval

L’idée d’une défense européenne s’est-elle perdue dans les sables du Mali? Il est sans doute encore trop tôt pour le dire… En tout cas, Martin Winter, spécialiste des affaires militaires au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, n’est pas loin de le penser.

« Tout porte à croire que l’Europe va mordre la poussière dans cette affaire. Car, en matière de politique étrangère et de sécurité, les intérêts des pays membres de l’UE sont encore trop éloignés les uns des autres. Le Mali en est la preuve : les Européens sont d’accord pour reconnaître la menace, mais ne sont pas d’accord sur les moyens de la combattre. Ni sur le fait que, dans ce cas de figure, il faut se préparer à tout, y compris à la guerre. La politique sécuritaire de l’UE souffre d’un manque d’unité, d’aptitude et de volonté. Des carences qui ne disparaîtront pas de sitôt » a-t-il en effet écrit dans un éditorial.

Cela étant, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne ont donné le coup d’envoi, le 17 janvier, de la mission de formation au profit de l’armée malienne, appelée EUTM Mali. Cette dernière, placée sous l’autorité du général français François Lecointre, devrait être « opérationnelle » dès la mi-février pour une durée de 15 mois. Au moins 8 pays européens ont indiqué leur intention d’y participer mais la France sera la « nation cadre. »

Pour rappel, cette mission n’aura pas vocation à prendre part aux combats contre les islamistes du Nord-Mali. Mais l’on peut quand même s’interroger sur sa réelle utilité, dans la mesure où les militaires maliens auront sans doute autre chose à faire que de suivre des formations. Mais bon… L’on verra bien comment les choses s’organiseront.

En attendant, et alors que le Canada a proposé un avion de transport C-17, ce qui a permis de déployer au Mali un groupe aéromobile, Paris espère du soutien de la part des autres capitales européennes. Et l’on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon, bien que l’intérêt de l’opération Serval soit saluée par tout le monde.

Ainsi, le Royaume-Uni a fourni 2 C-17 quand la Belgique, avec ses maigres moyens en transport aérien, décidait de placer 2 C-130 Hercules sous commandement français, ainsi qu’un ou deux hélicoptère Agusta A-109.

Le Danemark a également répondu présent, avec 1 C-130, de même que l’Allemagne, avec deux C-160 Transall, lesquels opérent sous l’autorité du Commandement européen de transport aérien (EATC – European Air Transport Command) et seront destinés à transporter les troupes de la Cédéao. Les deux avions allemands, après un crochet par la base aérienne d’Evreux rejoindront Dakar, via Bamako.

Egalement dans le cadre de l’EATC, les Pays-Bas vont engager un KDC-10 pour acheminer du matériel français soit vers le Tchad, soit vers le Sénégal. Pas question que cet avion prenne la direction d’une zone de conflit…

Malgré ses difficultés financières, l’Italie apportera un soutien tout aussi important que celui fourni par l’Allemagne, en proposant 2 C-130 Hercules ainsi que la mise à disposition d’une de ses bases aériennes située au sud de son territoire.

Quant à l’Espagne, dont la situation économique est compliquée, il n’est pas question de fournir des moyens de transport. « Nous allons autoriser l’utilisation des bases à des avions en transit si nécessaire, par exemple en cas d’urgence », a expliqué une source proche du ministre espagnol de la Défense, Pedro Morenes. Cela s’ajoute à l’autorisation donnée aux avions français par Madrid de survoler son « territoire » maritime.

La question est de savoir s’il est possible d’aller encore plus loin. Selon, Catherine Ashton, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour l’UE, a affirmé, le 17 janvier, qu’un « certain nombre de pays ont dit très clairement qu’ils étaient prêts à soutenir la France par tous les moyens, et ils n’ont pas exclu un soutien militaire. »

Ce qu’a confirmé le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. « Les Français ne sont pas seuls, ils sont les précurseurs » a-t-il assuré, avant d’ajouter qu’il est « tout à fait possible que des pays européens décident non seulement d’apporter de la logistique, mais aussi de mettre à disposition des soldats. »

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