Otages/Algérie : Le commando islamiste réclame la fin des opérations militaires au Mali

Au lendemain de l’attaque par un commando islamiste d’un site gazier exploité par BP, Statoil et Sonatrach près d’In Amenas, dans le sud-est de l’Algérie, une certaine confusion règne.

Ce qui est certain est que les jihadistes ont lancé leur assaut en s’en prenant à un bus transportant des salariés du complexe gazier. Au cours de l’échange de coups de feu avec la gendarmerie algérienne et les agents de sécurité, deux personnes ont été tuées, dont un Britannique et un Algérien. Trois ressortissants étrangers ont été blessés (2 Britanniques et un Norvégien) ainsi que 2 gendarmes et un agent de sécurité.

Par la suite, le commando s’est dirigé vers la « base vie », où il a pris en otage au moins 41 employés étrangers, dont 7 Américains. Apparemment, il y aurait au moins 2 ressortissants français. Interrogé sur ce point, le président Hollande a répondu, ce 17 janvier : « il y en avait, il y en a sur ce site. » Par ailleurs, 150 salariés locaux du groupe français CIS Catering sont – ou l’ont été pour une partie d’entre eux – retenus sur le site.

Cela étant, le quotidien suisse La Tribune de Genève affirme avoir pu entrer en contact téléphonique avec un Français de 52 ans retenu à In Amenas. « Il y a parmi nous de nombreux blessés graves. Certains otages ont des explosifs à la ceinture », a-t-il déclaré. « J’ai vu un otage se faire tuer. Ils ont tiré à bout portant » a aussi affirmé une autre personne retenue en otage.

Le commando à l’origine de cette attaque affirme être venu du Mali. Ce qu’a contesté le ministre algérien de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, lequel a d’ailleurs d’ores et déjà indiqué que « les autorités ne répondront pas aux revendications des terroristes et refusent toute négociation. »

Les jihadistes disent appartenir à une groupe appelé les « Signataires par le sang », qui est un des noms donnés à une katiba formé par Mokhtar Belmokhtar, dit le « Borgne » ou encore Mr Marlboro, récemment destitué (ou prétendument tel) de ses fonctions par al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dont il était l’un des chefs historiques.

Ce dernier a en effet un lourd passé de jihadiste. Parti combattre en Afghanistan dès ses 19 ans, il rejoint le Groupement islamique armé (GIA) dès son retour en Algérie. Cette organisation donnera plus tard naissance au GSPC (Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat), lequel prendra le nom d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) après avoir fait allégeance, en 2007, à Oussama Ben Laden.

Actif dans le sud algérien, Belmokhtar est notamment soupçonné d’être à l’origine de l’enlèvement de 32 touristes européens au Sahara, en 2003. Mais il est aussi surtout connu pour être un trafiquant de cigarettes (d’où le surnom de Mr Marlboro), ces activités lui permettant de financer sa katiba. En outre, il a aussi noué des liens avec les touareg.

Quoi qu’il en soit, les preneurs d’otages d’In Amenas réclament la libération d’une centaine de militants islamistes détenus en Algérie et surtout l’arrêt de l’opération militaire menée par la France au Mali. « Nous annonçons avoir réussi une attaque de taille en réaction à […] la croisade menée par les forces françaises au Mali » ont-ils fait valoir.

Les forces spéciales algériennes ont par la suite encerclé le complexe gazier. Leur mission s’annonce extrêmement compliquée, dans la mesure où, par le passé, des tentatives pour mettre un terme à une prise d’otages massive se sont souvent mal terminées (que l’on songe à Beslan et, plus tôt, en 2002, au théâtre de Moscou). Selon des sources officielles, notamment britanniques, ces dernières auraient entrepris une opération contre le commando islamiste. Si l’on en croit l’agence mauritanienne ANI (Nouakchott Information), qui passe pour être bien informée sur les milieurs jihadistes, un hélicoptère aurait ouvert le feu.

Cette attaque contre le site d’In Anemas devait être planifiée de longue date pour être lancée en cas d’intervention contre les groupes jihadistes établis au Nord-Mali. Le fait que l’Algérie soit directement visée n’est pas non plus un hasard, dans la mesure où ce pays, qui a autorité le survol de son territoire par des avions militaires français, lutte depuis maintenant de nombreuses années contre les groupes islamistes, à commencer par AQMI et ses avatars. Enfin, pour Belmokhtar, si tant qu’il a vraiment rompu avec l’ancien GSPC, cette action vise à démontrer sa capacité à opérer et à se déplacer dans les Etats de la région.

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