Mauvais climat au ministère de la Défense

La presse, et en particulier la rubrique « Défense ouverte », tenue par Jean Guisnel sur le site de l’hebdomadaire Le Point, s’est fait l’écho de deux affaires qui traduisent un certain manque de sérénité au ministère de la Défense.

La première concerne Isabelle Gougenheim, l’actuelle directrice de l’ECPAD (Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense), dont le poste serait à la fois menacé et convoité par un contrôleur général des armées, qui a mis en cause des contrats accordés à une réalisatrice qui se trouvait être l’épouse du responsable du pôle commercial de cette structure (et qui l’a quittée depuis) tout en proposant des tarifs relativement bas par rapport aux pris du marché.

La seconde porte sur la gouvernance du ministère de la Défense. Pour faire court, le ministre, Jean-Yves Le Drian, souhaiterait revenir sur les mesures qui, prises lors des deux précédents quinquennats, ont renforcé le rôle et la fonction du chef d’état-major des armées (CEMA).

En clair, il s’agit de « restaurer la primauté du politique », qui n’a pourtant jamais été remise en cause, en reprenant au CEMA la gestion des armées, des opérations et des ressources humaines pour les confier au Secrétaire général pour l’administration (SGA), qui est actuellement le contrôleur général des armées Jean-Paul Bodin, celui-là même qui avait affirmé, devant la commission Défense de l’Assemblée nationale, avoir eu « de très grosses inquiétudes » avant le basculement de l’armée de Terre au système Louvois…

Et ces manoeuvres ne vont pas sans susciter des tensions, illustrées par Jean Guisnel avec un courriel envoyé par un collaborateur militaire du ministre de la Défense à l’un de ses supérieurs :

« Je suis un peu inquiet. Il commence à être défendu l’idée par le cab qu’il existe des militaires fiables, ceux qui ne portent pas les armes : contrôleurs généraux, ingénieurs d’armement ou infra, etc. Et les non-fiables, ceux qui portent les armes, que Mahé, Carcassonne et Uzbeen ont démasqués, des mecs à présumer coupables, aux mains sales.

« On m’a récemment fait le reproche d’avoir du sang sur les mains car faisant partie des opérationnels. Qu’ainsi la gouvernance du ministère ne doit pas appartenir à des assassins présumés ou avérés, mais à des militaires aux mains propres. Nous avons tué sur ordre, cela faisait sens, nos consciences sont pures et légères. Jamais nous n’endosserons ce qu’ils veulent faire passer pour des crimes.

Nos épaules ne supporteront jamais les responsabilités qui incombent aux décideurs politiques. Nous devons une bataille contre cela à nos subordonnés. Demain ne doit pas les mettre en taule de nous avoir obéi. Respectueusement. »

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