Berlin met des bâtons dans les roues de Nexter

Au début de cette année, le PDG de Nexter, Philippe Burtin, annonçait une commande ferme de 73 véhicules blindés Aravis passée par l’Arabie Saoudite. Et il était également question de 191 autres exemplaires en option.

Développé sur fonds propres, l’Aravis est un véhicule 4×4 multimissions de 12,5 tonnes dont le blindage a été porté au standard STANAG 4569 niveau 4, c’est à dire qu’il est conçu pour résister aux projectiles de 14,5 mm et aux engins explosifs improvisés. Aérotransportable, il est doté d’un tourelleau téléopéré armé par une mitrailleuse 12,7 mm et de 7 caméras périphériques.

Et, considérant, si l’on peut dire, qu’il ne fallait pas réinventer la roue, les ingénieurs de Nexter ont choisi un châssis Unimog U500 pour assurer à ce véhicule une haute mobilité tout en écartant les risques liés à l’approvisionnement en pièces détachées. Quant à la motorisation, ils ont sélectionné un moteur 4 cylindres diesel OM 924 conçu par Mercedes-Benz.

Seulement, ces choix posent maintenant un problème. En effet, selon Les Echos, pour pouvoir fournir Nexter qui doit honorer la commande qui lui a été faite, le constructeur automobile allemand doit préalablement demander une autorisation auprès de Berlin étant donné qu’il s’agit de composants destinés à équiper des véhicules militaire. Et, pour le moment, le gouvernement d’Angela Merkel n’est pas du tout pressé pour donner son accord.

En matière d’armements, les autorités allemandes rechignent à donner les autorisations nécessaires aux exportations vers des pays vivant sous un régime autocratique et où les droits de l’homme ne sont pas garantis. Mais cela ne les a toutefois pas empêcher d’envisager la livraison de 272 chars Leopard et de quelques centaines d’Artec Boxer au royaume saoudien.

Aussi, l’idée que Berlin rechigne à délivrer les autorisations nécessaire à Mercedes-Benz pour lui permettre de livrer les châssis commandés par Nexter peut être vue comme une tentative de bloquer les ventes de l’industriel français pour mieux placer des véhicules fabriqués en Allemagne.

Dans cette affaire, Nexter, qui devait recevoir les châssis le 15 octobre dernier pour démarrer l’assemblage des Aravis destinés à l’Arabie Saoudite, n’est pas le seul à pâtir des tergiversations allemandes. Le groupe français Lohr est également concerné, lui qui doit livrer à Riyad 15 ambulances et 68 véhicules MPCV de défense aérienne.

Les présidents des commissions de la défense de l’Assemblée nationale et du Sénat ont d’ailleurs écrit à leurs homologues d’outre-Rhin pour tenter de débloquer la situation. « Dans cette période difficile, un accord de vos autorités dans les meilleurs délais est pour les industriels français et allemands concernés une question cruciale » ont-ils fait valoir dans leur lettre, publiée par Les Echos.

« Mes interventions auprès du ministère de la Défense et de l’Ambassade de France à Berlin semblent avoir débloqué les choses. Du côté de Mercedes, j’ai même pu avoir des assurances officieuses que les autorisations allaient être délivrées dès le début 2013 », a cependant affirmé Robert Lohr, le PDG du groupe éponyme. Reste donc à attendre des « assurances » officielles…

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