Afghanistan : Le nombre d’attaques reste à un niveau élevé

Le rapport semestriel du Pentagone au sujet de l’Afghanistan fait état de progrès mesurés dans l’évolution de la situation tout en restant prudent sur les capacités de l’insurrection, laquelle continue de bénéficier de sanctuaires au Pakistan.

Ainsi, le document indique que la sécurité s’est nettement améliorée dans les zones urbaines afghanes et que l’offensive de printemps du mouvement taleb n’a pas permis à ce dernier de reprendre le terrain qu’il avait laissé face aux troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan.

Quant à al-Qaïda, son soutien à l’insurrection afghane a été grandement perturbé par la perte de plusieurs de ses dirigeants qui jouaient un rôle clé dans les opérations. L’organisation fondée par Oussama ben Laden continue cependant à chercher à s’implanter en Afghanistan, notamment dans le nord du pays, mais ses efforts sont pour le moment contrecarrés par les forces de la coalition.

Globalement, le nombre d’attaques a baissé de 3% sur les 9 premiers mois de l’année, comparativement à la même période en 2011 (la rigueur particulière du dernier hiver afghan en est une des raisons). Toutefois, le niveau de violence reste supérieur à celui qui avait été constaté en 2009, année où le président Obama avait annoncé sa décision d’envoyer des renforts.

Et si les pertes de l’ISAF sont en baisse, ce n’est en revanche pas le cas pour les forces de sécurité afghanes, qui totalisent 60% des tués et des blessés au cours du semestre considéré pour l’étude du Pentagone. Cette évolution s’explique par le fait que l’armée nationale afghane est désormais en première ligne, les troupes de l’Otan étant le plus souvent en soutien. Cela étant, le nombre d’attaques contre les forces de la coalition menée par des soldats ou des policiers afghans a notablement augmenté, passant de 43 en 2011 à 66 sur les 10 premiers mois de cette année.

Quoi qu’il en soit, la partie est encore loin d’être gagnée. Tout d’abord, à cause de la corruption endémique en Afghanistan. Et puis, même si les forces afghanes ont accompli d’indéniables progrès, elles auront encore des lacunes dans plusieurs domaines (aviation, acquisition du renseignement, lutte contre les bombes artisanales, médecine de guerre, etc…) une fois que les troupes de l’Otan seront parties. Et, enfin, l’insurrection continue à bénéficier de sanctuaires dans les zones tribales pakistanaises, ce qui, pour les auteurs du rapports, joue bien évidemment sur les efforts pour améliorer la sécurité en Afghanistan.

« L’acceptation, sans discontinuer, par le Pakistan, de sanctuaires pour les insurgés en Afghanistan et son échec à bannir l’utilisation de matériel et de composants (explosifs) continuent à affaiblir la sécurité en Afghanistan » avance le rapport. Et cela représente « une menace durable pour les forces américaines, de la coalition, et les forces afghanes. »

Pour autant, les auteurs de l’étude ne sont pas allés jusqu’à accuser Islamabad de collusion avec des composantes de la rébellion afghane, comme des responsables du Pentagone ont pu récemment le faire. Au contraire même, ils se sont attachés à souligner la décision des autorités pakistanaises de rouvrir les voies logistiques de l’Otan passant par leur territoire. « Le Pakistan « a défendu les intérêts américains mais a échoué au même moment sur d’autres problématiques », résume le document.

Quant aux relations entre Kaboul et Islamabad, le rapport fait état de progrès modestes. Et encore, il a été rédigé avant les propos tenus le 8 décembre par Hamid Karzaï, le président afghan, suite à l’attentat commis contre le chef du renseignement par un kamikaze ayant dissimulé des explosifs dans ses sous-vêtements.

« Bien sûr, nous allons demander des éclaircissements au Pakistan parce que nous savons que cet homme venu à la rencontre d’Asadullah Khalid (ndlr, le chef du NDS, le SR afghan) en se présentant comme un émissaire venant du Pakistan. Nous le tenons pour un fait acquis », a-t-il affirmé. « Nous allons fermement et clairement réclamer des explications et leur demander de nous transmettre toute information éventuellement en leur possession » a-t-il ajouté, en laissant entendre que cet attentat avait été trop bien préparé pour qu’il soit l’oeuvre des taliban.

« Avant de lancer des accusations, le gouvernement afghan ferait bien de partager avec le gouvernement du Pakistan les informations ou les éléments de preuve qu’il pourrait détenir sur ce lâche attentat » lui a répondu Islamabad.

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