La France et l’Italie veulent renforcer leur coopération en matière de défense

Il a beaucoup été question de la ligne ferroviaire « Lyon-Turin » lors du XXXe sommet franco-italien qui s’est tenu le 3 décembre dernier dans la capitale des Gaules. Mais les affaires de défense ont été pourtant largement évoquées entre les deux pays, qui ont ainsi convenu de renforcer leur coopération militaire, tant au niveau industriel qu’opérationnel.

Déjà, la France et l’Italie mènent plusieurs projets en commun. C’est notamment le cas dans le domaine de la défense antimissile de théâtre, avec le SAMP-T (Système sol-air moyenne-portée/terrestre), des frégates multimissions (FREMM) et Horizon, du programme ESSOR de radio logicielle, qui a donné lieu, côté français, au contrat « Contact » notifié à Thales cette année, des torpilles MI-90 ainsi que du secteur spatial, notamment pour ce qui concerne les satellites d’observation et de communication.

Quant au niveau opérationnel, les deux pays avait annoncé, en 2010, la création d’une brigade alpine commune, devant être en mesure de « planifier et conduire des opérations conjointes dans les zones de montagne. »

Par ailleurs, cette coopération prend aussi la forme d’une Conseil franco-italien de défense et de sécurité (CFDIS), dont la prochaine réunion est prévue en avril 2013 et d’un comité bilatéral « armement » entre les directeurs des agences d’armement des deux pays, lequel permet de développer une vision capacitaire commune.

Aussi, le dernier sommet franco-italien a été l’occasion pour les dirigeants des deux pays de réaffirmer leur souhait d’aller encore plus loin dans cette coopération en matière militaire pour donner une impulsion nouvelle à l’Europe de la défense, cela « afin de répondre aux défis soulevés par les lacunes dans les capacités militaires européennes, de faire face aux crises qui peuvent apparaître et de contribuer à l’exercice par l’Union européenne de ses responsabilités dans le monde. »

Une feuille de route a ainsi été fixée à l’issue du sommet et un premier bilan de ses avancées sera donné à l’occasion du prochain CFDIS. Tout d’abord, en matière industrielle, il a été décidé de poursuivre les « échanges visant à développer (…) une composante européenne pour la future défense antimissile balistique » en faisant évoluer le missile Aster 30, et donc le SAMP-T.

Pour le domaine des communications tactiques du futur, il est prévu d’établir une « coordination franco-italienne » afin de « de définir une approche européenne en matière de radio-logicielle. » Enfin, pour le secteur spatial, il a été convenu de préparer, à l’horizon 2020, « les futures capacités de communications par satellites (sécurisées ou duales) et les nouvelles générations de satellites d’observation de la Terre (optique et radar). » Pour le dernier point, il s’agit du programme ORFEO (Optical and Radar Federated Earth Observation), auquel la France contribue avec le projet Pléiades, l’Italie développant, de son côté, le satellite Cosmo-Skymed.

L’un des objectifs de la feuille de route est de rechercher des partenaires européens susceptibles de participer aux projets franco-italiens tout en favorisant la coopération industrielle entre les deux pays.

Il est également demandé aux chefs d’état-major des armées des deux pays de faire l’inventaire des capacités que la France et l’Italie pourraient mutualiser et de « rechercher des convergences de besoins et de calendriers d’acquisition de matériels de défense en vue de proposer des programmes conjoints et afin d’en réduire le coût. » En vue : une possible collaboration dans « le domaine des drones aériens ». Même si aucune précision n’a été donnée, l’on pense aux drones MALE, l’Italie étant dotée de Predator américains…

Quant aux aspects opérationnels, et outre les entraînements communs et les échanges d’informations, le communiqué publié à l’issue du sommet se « félicite » des avancées de l’état-major non permanent de la brigade alpine franco-italienne, constituée par la brigade Taurinienne et la 27ème BIM. Cette unité devrait être en mesure d’être projetée à compter de 2015 pour des missions au profit de l’Union européenne, de l’Otan ou des Nations unies et sur « un théâtre d’intérêt commun dans la ‘Méditerranée élargie' ».

Au niveau des forces navales, « la coopération renforcée entre nos groupes aéronavals » est encouragée. Cela passa par la « pérennisation d’un exercice structurant commun selon un rythme annuel, insertion d’unités de l’autre nationalité au groupe d’escorte de nos porte-avions. »

Enfin, les deux pays ont également convenu de « renforcer la capacité de ravitaillement en vol européenne, qui pourra être utilisée dans le cadre de l’Union européenne ou dans celui de l’Otan. »

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