La Corée du Nord poursuit ses activités balistiques

Depuis que il a succédé à son père, Kim Jong-il, à la tête du régime nord-coréen, Kim Jong-un a limogé plusieurs responsables militaires. Pour certains analystes, cette « purge » serait le prélude à une ouverture économique de Pyongyang, laquelle est encouragée par Pékin.

D’ailleurs, et ayant promis de faire du « bien-être » de sa population une priorité, Kim Jong-un n’a pas le choix s’il veut se maintenir aussi longtemps au pouvoir que ses prédécesseurs : il lui faut relancer l’économie de son pays, ce qui passe par une hausse des échanges avec son allié principal dans la région, à savoir la Chine. Pour cette dernière, l’enjeu est de s’assurer de la mainmise sur la Corée du Nord afin de pouvoir établir une zone tampon face à la Corée du Sud dans le cas où le régime de Pyongyang viendrait à s’effondrer.

Une autre explication au sujet de cette valse de généraux est que Kim Jung-un veut imposer son autorité aux militaires nord-coréens et s’assurer de leur loyauté. Avec 1,2 millions d’hommes, l’armée de ce « royaume ermite » a un réel poids politique et elle reste par conséquent essentielle à la survie du régime.

En attendant, et hormis le flop du lancement d’une fusée Unha-3 en avril dernier, la Corée du Nord, ne s’est pas livrée à des provocations aussi importantes comme ont pu l’être les graves incidents navals de ces dernières années, un nouvel essai nucléaire, le torpillage du corvette sud-coréenne et le bombardement de l’île de Yeonpeyong, dont le responsable, le général Kim Kyok-sik, vient d’être nommé ministre des Forces armées.

Mais c’est surtout en paroles que Pyongyang a cherché à provoquer ses adversaires désignés. Comme par exemple en menaçant de bombarder à nouveau l’île de Yeonpeyeong, à l’occasion de second anniversaire de l’attaque qui fit 4 tués, ou bien encore en avertissant les Etats-Unis qu’ils étaient à portée de ses missiles (ce qui a dû faire rire à Washington…).

Alors, ces purges au sein de la hiérachie militaire nord-coréenne marquent-elles un changement dans la politique de Pyongyang? C’est à voir mais rien n’est moins sûr. Le 14 novembre dernier, le comité des Nations unies en charge des sanctions a été alerté par la Corée du Sud sur le fait que le Nord aurait livré des composants de missiles à la Syrie en violation de l’embargo qui frappe ce pays. Les relations entre Pyongyang et Damas ont été marquées, ces dernières années, par une coopération étroite dans le domaine nucléaire, notamment sur le site de Daïr Alzour, bombardé en 2007 par l’aviation israélienne.

En outre, si le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a surtout été évoqué pour ses conclusions concernant l’Iran, il n’en reste pas moins que le document a aussi fait part de son inquiétude au sujet du programme nucléaire nord-coréen, dont les activités d’enrichissement d’uranium et la construction d’un réacteur nucléaire à eau légère sont « profondément perturbants. »

Enfin, en dépit de l’interdiction qui lui est faite d’avoir des activités dans le domaine balistique, la Corée du Nord continuerait à développer des fusées (et donc des missiles). Du moins, c’est ce que suggèrent des images satellites du site de Sohae, dans l’ouest du pays, prises en septembre dernier. Ces dernières montrent en effet des réservoirs de moteurs-fusées ainsi que des traces de leurs essais. Et cela laisserait à penser que Pyongyang préparerait un nouveau tir de fusée.

Ces soupçons ont été corroborés par l’opérateur commercial d’images satellitaires DigitalGlobe Inc. qui a produit des clichés pris le 23 novembre. Selon ce dernier, le site de Sohae connaîtrait un regain d’activité semblable à celui qui avait précédé le tir de la fusée Unha-3 en avril.

Cela étant, si le renseignement américain confirme l’existence d’une activité soutenue sur le site de Sohae, il reste cependant prudent quant à l’imminence d’un nouveau tir d’une fusée ou d’un missile pour la simple et bonne raison qu’aucun engin balistique n’est encore présent sur le pas de tir.

Selon une source appartenant à la communauté américaine du renseignement et qui s’est confiée à CNN, s’il doit y avoir un tir, il pourrait vraisemblablement s’agir d’un missile balistique longue portée Taepodong-2.

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