Après l’opération Pilier de Défense, le Hamas entend reconstituer ses stocks d’armes iraniennes

Un accord de cessez-le-feu a mis un terme, la semaine passée, à l’opération israélienne « Pilier de Défense », lancée le 14 novembre dernier afin de faire cesser les tirs de roquettes vers le sud d’Israël et dont le Hamas était tenu pour responsable, étant donné qu’il est au pouvoir dans la bande de Gaza.

Au cours de cette opération, menée 4 ans après celle appelée « Plomb durci », qui poursuivait les mêmes objectifs, Tsahal a indiqué avoir neutralisé 19 responsables du Hamas et du Jihad islamique, ciblé 1.500 « sites terroristes » et détruit 30 centres de commandement, 980 rampes de lancement souterraines, 140 tunnels utilisés pour le trafic d’armes, 26 entrepôts ainsi que 42 bases appartenant aux groupes armés palestiniens.

De leur côté, ces derniers ont tiré 1.500 roquettes, dont 421 représentant un danger pour la population civile israélienne ont été interceptées par le système Iron Dome, lequel a affiché un taux de réussite de près de 90%.

Parmi les engins lancés depuis la bande de Gaza, certains, en l’occurence des Fajr-5, d’une portée de 75 kilomètres, ont menacé Tel Aviv pour la première fois. Et cela n’a fait que confirmer les soupçons selon lesquels l’Iran fournit une aide armée et financière aux mouvements palestiniens.

Pourtant, et notamment pour le Hamas, cela n’allait pas forcément de soi. En février dernier, Ismaël Haniyeh, le Premier ministre de l’organisation islamiste, avait apporté son soutien au « brave peuple syrien » contre le régime de Bachar el-Assad. Qui plus est, le chef politique du mouvement islamiste palestinien, Khaled Mechaal, décida, quelques jours après, de quitter Damas pour s’installer à Doha, au Qatar.

Dans ces conditions, l’on aurait pu en effet penser que l’Iran, allié proche du régime alaouite syrien, allait prendre ses distances avec le Hamas et cesser de lui livrer des armes, quitte à privilégier le Jihad islamique, une organisation concurrente du mouvement issu des Frères musulmans, et par conséquent proche des nouvelles autorités égyptiennes.

Sauf qu’il n’en est rien. « Une partie de nos armes ont été fabriquées à Gaza. Nous tenons également à remercier les parties qui nous ont approvisionnés en armements, avant tout l’Iran et ce malgré nos divergences de position sur la Syrie » a ainsi affirmé Khaled Mechaal, le 22 novembre dernier, au Caire.

Quant au Jihad islamique, il bénéficie des mêmes largesses de la part de Téhéran. « Tout le monde le sait. Ce n’est pas un secret. Les armes de la résistance aujourd’hui en Palestine, face à l’agression (…) israélienne, sont essentiellement d’origine iranienne : ce sont des armes iraniennes ou acquises par un financement iranien » a affirmé son chef, Ramadan Abdallah Challah, à l’antenne d’al-Jazira.

A Téhéran, cette aide est totalement assumée et revendiquée. Ainsi, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a confirmé, le 21 novembre, que l’Iran apportait « une aide à la fois financière et militaire » aux groupes palestiniens de Gaza, sans toutefois donner plus de précisions.

Le même jour, le général Mohammad Ali Jafari, le commandant des Gardiens de la révolution; a indiqué que Téhéran fournissait « une aide technique et technologique à tous les musulmans qui luttent contre l’arrogance mondiale (ndlr, Israël et le Occidentaux). Et d’ajouter que les missiles Fajr-5 « n’ont pas été livrés par l’Iran, c’est leur technologie qui l’a été » et que ces derniers peuvent « être produits rapidement » par les factions palestiniennes.

Le circuit d’approvisionnement en armes iraniennes des groupes palestiniens passe par le Soudan, pays ayant fait l’objet de frappes ponctuelles israéliennes pour faire cesser ce trafic, l’Egypte et les tunnels de contrebande situés entre le Sinaï et la bande de Gaza.

Apparemment, et après la flambée de violence de ces derniers jours, les groupes palestiniens comptent bien reconstituer leurs arsenaux. Selon le Sunday Times, qui s’appuie sur des sources au sein du renseignement israélien, des satellites de surveillance auraient repéré un cargo recevant une cargaison de roquettes et d’armes dans le port iranien de Bandar Abbas. Outre des Fajr-5, des missiles balistiques moyenne portée de type Shahab-3 feraient aussi partie du lot, ce qui risque de compliquer la donne pour l’armée israélienne si cette information est avérée.

« Nous croyons que des navires de guerre iraniens basés en Érythrée escorteront le cargo dès qu’il entrera dans les eaux de la mer Rouge », a précisé, selon le quotidien britannique, une source militaire israélienne, laquelle a ajouté que « malgré l’accord de cessez-le-feu, toute cargaison d’armes repérée par nos soins sera attaquée et détruite ».

Cette révélation du Sunday Times a été faite au lendemain d’une déclaration faite par le Hamas, l’un de ses responsables, Mahmoud al Zahar, un ayant assuré que le mouvement continuera de faire entrer des armes à Gaza « par tous les moyens possibles » avec l’aide de l’Iran car « détenir un arsenal puissant est le seul moyen d’obtenir des concessions d’Israël. »

Reste à voir maintenant pendant combien de temps durera ce cessez-le-feu. Une étude récemment publiée par le Centre de Doctrine et d’Emploi des Forces et intitulée « La doctrine d’emploi de Tsahal : entre rupture et continuité », a mis en avant la limite des opérations israéliennes visant à dissuader les groupes armées de poursuivre leurs attaques au moyen de roquette.

« Si ce genre de stratégie peut fonctionner lorsque l’adversaire est un État possédant une armée conventionnelle, les résultats sont peu probants face à des entités comme le Hamas ou le Hezbollah. Leurs combattants ne semblent nullement impressionnés par la machine de guerre israélienne et l’utilisation disproportionnée de la force se révèle contreproductive. Le constat doit être fait de la non adaptation à cette forme de guerre asymétrique, à la guerre au sein des populations, et plus généralement une réforme de la doctrine militaire du pays paraît nécessaire » y est-il écrit.

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