La mission européenne au Mali prend forme

Pendant que les combattants touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) livraient une nouvelle fois de durs affrontementts contre les jihadistes du MUJAO pour le contrôle de la ville de Menaka, située sur la route de Gao, les ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense ont donné, le 19 novembre, leur accord de principe pour le lancement d’une mission militaire de l’UE visant à former des éléments de l’armée malienne en vue de la reconquête du Nord-Mali, actuellement contrôlé par des groupes islamistes.

La Haute représentante pour la politique étrangère de l’Union européenne, Catherine Ashton, a présenté un concept d’opérations de gestion de crise (CMC) qui prévoit de mobiliser au moins 250 militaires européens dans le cadre de cette mission appelée European Union Training Mission (EUTM) – Mali afin d’entraîner, en 6 mois, 4 bataillons maliens de 650 soldats chacun sur le modèle des groupements tactiques interarmes français.

Cette mission pourrait commencer en janvier 2013 et prendre ses quartiers à Koulikoro, où est implantée une école interarmes de formation des officiers de l’armée malienne, à 250 km au nord de Bamako. Des « éléments de protection » devraient s’ajouter aux formateurs militaires européens.

La liste des pays contributeurs à cette mission n’a pas encore été précisée, ni même le niveau de son financement. Cela étant, la France a des chances d’avoir le rôle de nation cadre dans cette affaire.

Quoi qu’il en soit, ce concept d’opérations de gestion de crise doit encore être aprouvé lors de la prochaine réunion du Conseil européen des affaires étrangères (CAE), prévue le 10 décembre prochain.

Ensuite commencera l’étape de la planification militaire afin de coordonner l’action de l’UE avec celle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), laquelle a mis au point un « Concept stratégique des opérations » visant à déployer une force de plus de 3.000 hommes pour aider l’armée malienne à reconquérir le Nord-Mali.

Ce document, validé par la Cédéao et l’Union africaine, doit être prochainement examiné par le Conseil de sécurité des Nations unies, lequel autorisera ou non l’opération militaire envisagée. D’après l’agence Reuters, qui a pu avoir accès à ce plan, les opérations au Nord-Mali devraient durer 120 jours, suivis par une une phase de stabilisation de trois mois.

Cela étant, le « Concept stratégique des opérations » est loin de convaincre à Washington, où l’on estime insuffisants les effectifs qu’il est prévu d’engager face aux groupes jihadistes.

« Il est peu probable que 3 300 soldats d’Afrique de l’Ouest parviennent à réussir une opération militaire au nord du Mali, un terrain difficile pour eux car ils connaissent mal le désert et son climat » a expliqué, à RFI, Andrew McGregor, spécialiste des affaires maliennes à la Fondation Jamestown de Washington. Et d’ajouter : « Ces soldats s’exposeront aux mêmes revers que ceux essuyés cette année par les forces régulières du Mali face aux insurgés du nord. »

Une autre réserve américaine, notamment exprimée par le général Carter Ham, le chef de l’US AFRICOM, tient à la qualité de l’armée malienne, profondément divisée. Et, pour Andrew McGregor, demander à cet « ensembre très hétérogène d’un point de vue ethnique, d’être en première ligne au nord du Mali, c’est aller droit dans le mur. »

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