Dix pays européens, dont la France, vont mutualiser leurs capacités de ravitaillement en vol

Comment accroître des capacités européennes en matière de ravitaillement en vol qui se sont révélées insuffisante lors des opérations aériennes en Libye l’an passé? Eh bien en s’inspirant de ce qui marche, en l’occurence du Commandement européen du transport aérien (European Air Transport Command, EATC), considéré comme en matière de mutualisation dans le domaine de l’aviation de transport militaire.

Le principe est de mettre à la disposition d’un commandement européen unique une flotte d’avions de transport appartenant aux pays participants. C’est ainsi que, par exemple, un C-160 Transall allemand peut être mobilisé pour emporter du fret français et vice-versa.

Et c’est en suivant une démarche identique que sera mis sur pied, d’ici 2020, une capacité européenne commune d’avions multi-rôles de ravitaillement en vol et de transport (MRTT).

Lors du dernier comité directeur de l’Agence européenne de défense (AED), le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a signé une « lettre d’intention » allant dans ce sens, le 19 novembre, à Bruxelles.

Au total, 10 pays prendront part à ce projet, qui avait été esquissé en mars dernier. Outre la France, l’on trouve la Belgique, l’Espagne, la Grèce, la Hongrie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et, bien que non membre de l’Union européenne mais ayant établi une coopération avec l’AED, la Norvège.

Les signataires se sont engagés à faire « l’acquisition » ou à utiliser « en commun une flotte d’aéronefs destinée à répondre au besoin de ravitaillement en vol des Européens », selon les termes du communiqué diffusé par le ministère français de la Défense. Certains pays pourraient louer des avions ravitailleur, faute de pouvoir en acheter.

« L’Europe doit conquérir son autonomie stratégique. Notre approche doit être pragmatique et progressive. Le partage de capacités entre États apporte une plus-value économique et opérationnelle concrète. Ce modèle est prometteur », a expliqué Jean-Yves Le Drian.

Seulement, une question se pose pour la France : comment sera pris en compte le fait que les avions ravitailleurs de l’armée de l’Air – qu’il est prévu de remplacer par des A330 MRTT – servent aussi à la dissuasion nucléaire française?

Lors de son audition devant la commission de la Défense et des Forces armées, le mois dernier, à l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, avait déclaré : « La notion de mutualisation capacitaire est une auberge espagnole (…). Si j’y suis extrêmement favorable, je suis aussi très prudent. Avant de mutualiser, il faut avoir un accès garanti, ce qui relève du politique, et très bien connaître l’autre, pour ne parler que du bilatéral. Il est aussi plus facile politiquement et diplomatiquement de mutualiser des capacités de défense ou de résilience que des capacités offensives. »

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