La Chine aura une force océanique stratégique crédible d’ici 2 ans

Une des boutades les plus courues au sein de l’US Navy consistait à dire que dès qu’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) chinois Han sortait de sa base, les sonars américains pouvaient le repérer depuis l’Australie.

Mais cela est de moins en moins vrai. Ainsi, en novembre 2006, un sous-marin de la marine de l’armée populaire de libération avait fait surface à proximité du porte-avions américian Kitty Hawk, alors engagé dans un exercice au large d’Okinawa, au Japon, sans avoir été préalablement repéré par les deux croiseurs lance-missiles, deux SNA et les destroyers qui étaient également dans le secteur.

Pour autant, cet épisode ne doit pas masquer les insuffisances chinoises en la matière. Du moins si l’on en croit un rapport de l’US Navy dévoilé l’an passé et selon lequel les sous-marins chinois restent encore trop bruyants pour être totalement discrets, étant donné qu’ils « peuvent être détectés ‘dans la première zone de convergence’, c’est à dire dans un anneau situé environ à 25 nautiques d’un submersible en plongée, où les ondes sonores se regroupent.

Seulement, la Chine a fait de la modernisation de sa marine une priorité. Et en règle générale, quand on y met les moyens, on fait des progrès. D’ailleurs, cette évolution avait inquiété l’ancien secrétaire américain à la Défense, Robert Gates.

« Les Etats-Unis devront également faire face à des systèmes de combat sous-marins de plus en plus sophistiqués, dont nombre de sous-marins ‘discrets’, lesquels pourraient mettre un terme à la sanctuarisation opérationnelle que notre marine a connue dans le Pacifique occidental durant la majeure partie des soixante dernières années » avait-il estimé en mai 2010.

Jusqu’à présent, la Chine ne disposait que d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Xia/Type 092 doté de 12 missiles balistiques JL-1-CSS-N-3. Pour pouvoir assurer des missions de dissuasion nucléaire en mer, cela faisait très léger, d’autant plus que l’on n’était pas certain que ce bâtiment ait été en mesure de faire ce pour quoi il avait été conçu, au point d’ailleurs qu’il n’est jamais entré en service opérationnel.

Mais la situation évolue lentement mais sûrement. Pour remédier à ce déficit capacitaire, Pékin a lancé la construction d’une nouvelle classe de SNLE, appelée « Jin » (Type 097). Au total, 5 navires doivent équiper, à terme, la marine chinoise et deux ont déjà été livrés. Parallèlement, un nouveau missile intercontinental a été développé, avec le JL-2, d’une portée de 8.000 km.

Désormais, et d’après la Commission d’examen économique et de sécurité américaine (USCC), qui établit chaque année un rapport concernant l’évolution des capacités militaires chinoises, Pékin pourrait disposer, pour la première fois, d’une force océanique stratégique crédible d’ici deux ans et rejoindrait ainsi les Etats-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni et l’Inde, qui prévoit de mettre en service l’INS Arihant, un SNLE doté du missile K-15, d’ici la fin de cette année.

Cette capacité renforcera ainsi la dissuasion nucléaire chinoise, qui repose essentiellement sur des missiles intercontinentaux terrestres et une composante aéroportée à laquelle sont affectés une vingtaine de bombardiers sratégiques H-6, dérivé du Tupolev-16 russe.

Mais plus généralement, l’USCC pointe l’opacité entourant l’arsenal chinois. Il est estimé que la Chine aurait entre 100 et 500 têtes nucléaires, le censensus des analystes tournant autour de 240. Mais cela repose « lourdement sur des suppositions » a souligné la commission.

Par ailleurs, et c’est sans doute encore plus important que de connaître avec exactitude le nombre de têtes nucléaires de l’arsenal chinois, un autre point restant à préciser est la procédure en vigueur à Pékin qui doit être suivie pour mettre éventuellement déclencher le feu nucléaire. Autrement dit, l’on ignore qui est en position, à Pékin, pour appuyer sur le bouton, ou si la règle dite des deux hommes est en cours. Et cet aspect est d’autant plus important que, selon le général James Cartwright, ancien adjoint du chef d’état-major interarmées, des « décalages ont tendance à se produire entre le gouvernement et l’armée. »

Officiellement,la Chine s’interdit de faire usage de sa force de frappe sur des pays qui n’en sont pas dotés et suit une doctrine de non-usage en premier des armes nucléaires.

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