Quel avenir pour les traducteurs afghans de l’armée française après le retrait?

D’ici la fin de cette année, l’armée française aura mis un terme à sa mission de combat en Afghanistan , et plus précisément dans la province de Kapisa. Environ 1.500 militaires resteront dans ce pays jusqu’en juillet 2013 afin d’assurer le retrait logistique. Leur effectif descendra ensuite à 500 hommes, lesquels seront chargés de faire fonctionner l’hôpital et l’aéroport de Kaboul ainsi que d’apporter une assistance aux forces de sécurité afghanes.

Se posera alors la question de l’avenir des interprètes afghans qui ont oeuvré au sein des forces françaises au cours de ces dernières années, participant aux patrouilles et, plus généralement, à toutes les opérations menées. Souvent, ils ont payé le prix du sang pour leur engagement. Ainsi, en juin dernier, lors de l’attentat qui coûta la vie à 4 militaires de brigade La Fayette à Tagab, deux d’entre eux furent tués.

Leur sort sera évidemment lié à l’avenir de l’Afghanistan. En cas de retour des taliban, ils risquent d’être exécutés. Et quand bien même, dans certaines régions afghanes où l’influence des insurgés est forte, leur vie sera de toute façon menacée. Qui plus est, ces traducteurs – leur nombre est de 5.000 pour l’ensemble des forces de la coalition internationale – savent qu’ils n’ont rien à attendre des forces de sécurité afghanes, dont les officiers n’ont jamais admis qu’ils puissent bénéficier de soldes élevées (800 dollars environ).

D’ailleurs, les autorités de Kaboul ont fait savoir qu’il est hors de question de leur accorder une protection particulière, laquelle est du ressort de leurs employeurs. Le Canada a mis sur pied un programme spécial, dès 2009, pour leur permettre afin de reconnaître les « Afghans qui courent des risques personnels extraordinaires en lien avec leur soutien de la mission » des forces canadiennes à Kandahar.

Des critères stricts ont cependant été établis : le traducteur doit avoir été employé pendant 12 mois entre 2007 et 2011. Au total, Ottawa s’attend à ce 500 d’entre eux viennent s’installer au Canada avec leur famille.

Pour ce qui concerne la France, aucun dispositif particulier n’avait jusqu’à présent été mis en place, si ce n’est, officieusement, une attribution, au cas par cas de visas. Interrogé par Zone Militaire au sujet de cette question, l’Etat-major des armées (EMA) à Paris n’a pas donné davantage de précisions.

Le 7 novembre, lors du débat portant sur les crédits alloués au ministère de la Défense dans le projet de loi de finances 2013, le député Philippe Nauche (PS) a abordé la situation  » des personnels afghans avec lesquels nos forces ont travaillé, et plus spécifiquement celle des interprètes » à l’heure du retrait d’Afghanistan.

« Leur vie est aujourd’hui menacée pour certains. Tous les membres de la coalition sont confrontés à cette question. Certains pays envisagent d’accueillir ces personnes, si elles le souhaitent, sur leur territoire » a souligné le député corrézien avant de s’interroger sur ce que « la France envisage de faire à leur égard. »

Ce à quoi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a répondu en disant que « le sort des personnels afghans est évidemment une préoccupation. » Et de préciser : « C’est pourquoi nous mettons actuellement en place un dispositif d’accompagnement pour leur éviter les désagréments parfois très importants dont il a fait état. » « Nous sommes très vigilants sur ce point » a-t-il même insisté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]