L’Eurofighter désormais bien placé pour équiper les forces aériennes des Emirats arabes unis

Au début de l’année, et selon des confidences faites à la presse, il y avait de bons espoirs de conclure d’ici au printemps la vente de 60 Rafale aux Emirats arabes unis, après des mois de négociations pour le moins compliquées et émaillées de rebondissements.

Il fallait notamment trouver un accord sur la prise en charge des développements de l’avion demandés par Abu Dhabi (motorisation plus puissante, radar à antenne active, etc…) ainsi que sur la reprise des 60 Mirage 2000-9 appelés être remplacés.

Et à ce jeu-là, les émiriens sont de redoutables négociateurs, n’hésitant pas à faire mine d’aller voir ailleurs pour obtenir des concessions sur la facture finale. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont en novembre 2011, en demandant des informations sur l’Eurofighter, construit par le consortium du même réunissant BAE Systems, EADS et Finmeccanica.

Seulement, la campagne de l’élection présidentielle et l’alternance politique qui a suivi en France ont fait que la conclusion de ce dossier a été reportée. Aussi, le site économique LaTribune.fr écrivait, en mai dernier, que finalement, les responsables français avaient « redécouvert que le client n’avait pas forcément besoin de ces avions de combat tout de suite mais plutôt à un horizon un peu plus lointain », tout en soulignant que les Emirats attendaient « un signe » des nouvelles autorités françaises issues des urnes.

« Que fera François Hollande sur ces dossiers d’exportations de systèmes d’arme? Sera-t-il actif ou pas? Car plusieurs prospects importants dans la région sont en bonne voie, susceptibles de peser dans la balance commerciale et sur l’emploi en France dans un secteur technologique… En fera-t-il une obsession comme Nicolas Sarkozy? » s’interrogeait alors LaTribune.fr.

Il aura fallu attendre presque 6 mois pour avoir une réponse à ces questions. Ainsi, à l’issue d’un déplacement aux Emirats arabes unis, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré lors d’un entretien accordé au Parisien que la vente de Rafale attendra et que les discussions reprendront « ultérieurement ».

« Le ministre de la Défense s’adresse à des partenaires, pas à des clients. Il n’arrive pas avec un catalogue sous le bras. Je pense que, si la France n’a jamais vendu de Rafale, c’est qu’on a peut-être confondu les rôles. Je ne les confondrai pas » avait-il expliqué, en soulignant que les négociations concernant la vente des 60 avions de Dassault Aviation « empoisonnaient nos rapports ».

Quelques jours plus tard, le président Hollande a adopté la même approche lors d’une visite en Arabie Saoudite, où DCNS et Thales espèrent décrocher quelques marchés importants. « Je ne suis pas venu signer je ne sais quel contrat », a-t-il affirmé, avant d’ajouter que « c’est une relation personnelle et de confiance qui devait être établie » à l’occasion de sa rencontre avec le roi Abdallah. Les négociations commerciales devraient cependant avoir lieu plus tard.

Cela, cette manière de faire n’est pas celle du Premier ministre britannique, David Cameron, qui n’a pas hésité à évoquer les contrats d’armement lors de sa récente visite en Arabie Saoudite. Là, il a été question de vendre un nombre « substantiel » d’avions Eurofighter Typhoon supplémentaires, après la commande de 72 appareils de ce type passée par le royaume wahhabite en 2007.

Mais avant de se rendre à Riyad, le locataire du 10 Downing Street a fait un passage aux Emirats arabes unis, où des Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force (RAF) étaient opportunément déployés dans le cadre d’un exercice militaire.

Et David Cameron n’avait pas fait de mystère sur les motivation de sa visite : il s’agissait ni plus ni moins de « mettre en avant l’industrie britannique de défense » et de  « faire la promotion » de l’Eurofighter Typhoon.

Résultat : un communiqué conjoint publié le 6 novembre a indiqué que Londres et Abou Dhabi vont établir « un partenariat dans l’industrie de la défense, y compris une étroite coopération au sujet des avions de combat Typhoon. »

« Des négociations vont s’engager sur un contrat de vente aux Emirats d’une soixantaine de Typhoon, qui doit inclure l’installation aux Emirats d’une usine pour la fabrication ou le montage de pièces de cet avion » a commenté Riad Kahwaji, membre de l’Institut d’analyse militaire pour le Proche Orient et le Golfe, basé à Dubaï. Autrement dit, et sauf nouveau coup de théâtre, les discussions sur la vente du Rafale n’auront pas lieu ultérieurement… car elles ne reprendront probablement jamais.

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