Le Soudan accuse Israël d’avoir attaqué l’une de ses usines d’armement

Qui est à l’origine de la série d’explosions ayant provoqué un incendie et la mort de deux personnes à l’usine d’armement de Yarmouk, près de Karthoum, la capitale du Soudan, le 24 octobre?

« Nous pensons qu’Israël a mené le bombardement » a ainsi affirmé le ministre soudanais de l’Information, Ahmed Bilal Osman, qui a précisé que 4 avions seraient impliqués dans cette attaque et que des éléments découverts parmi les restes des explosifs prouveraient une action israélienne. « Nous nous réservons le droit de riposter en lieu et date de notre choix » a-t-il ajouté.

Le même ministre soudanais a expliqué que l’usine visée fabriquait des « armes traditionnelles » et qu’elle a été en partie détruite par ce qui serait donc un bombardement. Toutefois, une piste accidentelle n’est pas à écarter non plus.

Selon le centre de recherche indépendant suisse Small Arms Surveys, le complexe industriel a été utilisé pour recevoir des armes et des munitions d’origine chinoises pour les acheminer ensuite vers le Darfour.

Mais ce qui aurait pu susciter l’intérêt d’Israël pour cette usine est son éventuel rôle dans la livraison d’armes de facture iranienne au Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Seulement, cette hypothèse est plausible mais pas avérée.

En revanche, ce que l’on sait, c’est que Karthoum et Téhéran ont signé un traité de coopération militaire en 2008 et que le Soudan est une plaque tournante pour les livraisons d’armes fabriquées en Iran et livrées au mouvement palestinien.

Ainsi, deux responsables des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, en relation avec Téhéran, avaient été tués au Soudan, lors d’un raid attribué à Israël, en avril 2011.

Deux ans plus tôt, un autre raid avait visé, toujours au Soudan, un convoi chargés d’armes à destination du Hamas. Pour chacune de ces affaires, le gouvernement israélien n’avait pas fait de commentaires, comme d’ailleurs à chaque fois qu’il lance des opérations de cette nature dans un pays tiers.

Et là encore, Tel Aviv n’a pas répondu officiellement aux accusations de Karthoum. « Le Soudan est un Etat terroriste dangereux. Pour savoir ce qui s’est exactement passé, il faudra du temps pour comprendre » a déclaré Amis Gilad, un haut-responsable du ministère israélien de la Défense, sur les ondes de la radio militaire.

Et d’ajouter : « Le président soudanais Omar el-Béchir est considéré comme un criminel de guerre. Le Soudan a également servi de base opérationnelle pour Ben Laden, le régime est soutenu par l’Iran et sert de point de passage pour le transfert d’armes iraniennes aux terroristes du Hamas, du Jihad islamique, via le territoire égyptien. »

Quant à la question de savoir si Israël est impliqué ou non dans l’incendie qui a ravagé l’usine soudanaise, Amid Gilad a répondu que l’aviation israélienne est « l’une des plus prestigieuses du monde » qui « a fait ses preuves à de nombreuses reprises dans le passé. »

Quoi qu’il en soit, cet épisode est survenu alors que les groupes armés palestiniens avaient recommencé à tirer régulièrement des roquettes vers le sud d’Israël. Et, a priori, depuis ce raid attribué à tort ou à raison à l’aviation israélienne, une trêve officieuse est entrée en vigueur entre le Hamas et l’Etat hébreu, après une médiation des services de renseignement égyptiens.

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