Afghanistan : Pour l’amiral Guillaud, les forces françaises ont réussi là où l’armée Rouge avait échoué

Depuis 2001, la France a perdu 88 soldats en Afghanistan. Et, lors de son audition par le commission de la Défense de l’Assemblée nationale, le chef d’état-major des armées (CEMA), l’amiral Guillaud a tenu à leur rendre hommage, ainsi qu’à leurs camarades « blessés dans leur chair, de manière durable, parfois irrémédiable. »

Au cours de son intervention, le CEMA est revenu à plusieurs reprises sur le dossier afghan, déplorant qu’il soit « trop fréquemment caricaturé dans les médias ». Pour lui, les forces françaises qui y ont été déployées ont « joué un rôle majeur dans l’afghanisation des provinces » qui étaient jusqu’alors placées sous leur responsabilité.

« Si les choses ne se passent pas toujours comme nous le voudrions ici, les progrès sont incontestables, quoi qu’en dise le rapport défaitiste de l’International Crisis Group », a avancé l’amiral Guillaud. Ce centre de réflexion a en effet prédit un effondrement du régime actuellement en place à Kaboul, au profit des insurgés afghans. Cette estimation est en outre partagée par la fondation Carnegie ou encore par l’ancien chef du Comité international de la Croix Rouge (CICR) en Afghanistan.

Pour autant, l’amiral Guillaud n’a pas cherché à cacher les problèmes, qui sont avant tout d’ordre politique et non militaire. « Pour la tactique, nous nous sommes adaptés à l’asymétrie du combat et à la difficulté de s’intégrer à une coalition de 52 participants, où des pays qui n’ont engagé que cinq hommes voudraient avoir le même poids politique que les autres » a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : « C’est d’ailleurs non pas le plan militaire mais le plan politique qui a le moins bien fonctionné. Je pense aux efforts pour une bonne gouvernance ou à l’aide au développement, qui aurait pu être plus rapides et plus puissants, du moins au début. Aux yeux des militaires français et d’une grande partie de ceux de la coalition, il s’agissait des prérequis puisque, si l’on n’envisage pas l’amont et l’aval, une opération militaire peut tourner à la catastrophe, ce qui s’est produit en Irak. »

Cela étant, l’amiral Guillaud a mis en avant les succès obtenus par les forces françaises, notamment dans le district de Surobi, que « les Soviétiques n’avaient jamais réussi à pacifier » et où la base opérationnelle avancée qu’elles occupaient est « désormais aux seules mains des forces afghanes. » Depuis le transfert d’autorité à ces dernières, le nombre d’incidents dans ce secteur, qui était déjà peu élevé, « n’a pas augmenté », d’après l’amiral Guillaud, qui aussi précisé que « la route Jalalabad-Kaboul est ouverte en permanence. »

En revanche, le CEMA n’a rien dit au sujet de la province de Kapisa, qui était également sous responsabilité française. La situation dans cette région est extrêmement délicate, de par sa proximité à la fois avec Kaboul et la frontière pakistanaise, ce qui en fait une zone stratégique pour les trafiquants et les insurgés. Et nul doute que l’affaire des otages, qui conduit à y limiter les opérations pour ne pas mettre ces derniers en danger, a compliqué la tâche des militaires français, qui, conformément à la décision du président Hollande, ont amorcé leur retrait d’Afghanistan

A ce sujet, pour l’amiral Guillaud, ce désengagement est une « opération à part entière, en termes de planification, de conduite et de vigilance puisque, jusqu’au départ de notre dernier soldat, les risques sont réels. » A la fin septembre, le plan de marche a été réalisé à 28%, « contre 25% prévus à cette date ». Et cela donne une petite marge de manoeuvre en cas d’éventuelles complications. Cependant, du matériel restera sur place : une quarantaine de VAB (véhicule de l’avant-blindé), d’un âge moyen de 32 ans, seront détruits à cause de leur mauvais état.

Au terme de cette manoeuvre de désengagement, prévue pour le 1er juillet prochain, il retera en Afghanistan 500 militaires français, dont 50% de « forces offensives » pour assurer la protection. D’ici-là, et à compter du 1er janvier, 1.500 soldats resteront engagés, dont « beaucoup de logisticiens » ainsi que « 150 formateurs et autant d’anges gardiens », sans oublier la  structure de commandement de l’aéroport de Kaboul.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]