Louvois : Un paquet de Gauloises en colère
Aux Etats-Unis, Ashley Wise, l’épouse d’un militaire victime de stress post-traumatiques (PTSD) a eu l’idée de faire écrire un poème sur son dos par une amie et d’en diffuser la photographie via les réseaux sociaux, en l’occurrence Facebook, afin de protester contre le manque de soutien de la part des autorités américaines et pour réclamer une meilleure prise en charge des soldats atteints par ces traumatismes psychologiques liés à leur engagement en Irak ou en Afghanistan.
La démarche d’Ashley Wise a été imitée par une centaine de femmes de militaires vivant la même situation. Et c’est ainsi qu’est née l’association « Batling Bare« , dont l’objet est de soutenir les familles de soldats victimes de PTSD tout en réclamant une meilleure prise en charge de ces derniers.
En France, des épouses de militaires, qui en aussi plein le dos, ont également décidé de s’inspirer de cette initiative, mais pas pour les mêmes raisons. C’est en effet pour protester contre les incidents de paiements des soldes de leurs maris ou compagnons liés au passage au Logiciel unique à vocation interarmées de la solde (LOUVOIS) qu’elles ont lancé le mouvement « Un paquet de Gauloises en colère » en créant une page dédiée sur Facebook.
Sur le dos nu de l’une d’entre elles, on peut par exemple lire ce message : « Mon chéri, ici tout va bien, l’Etat place ta solde sur les marchés financiers, le frigo est vide, la banque réclame des intérêts et on me dit de la fermer. Je t’aime très fort. »
Les problèmes de soldes, récurrents depuis un an pour les personnels de l’armée de Terre et qui se traduisent par des non-remboursement de frais ou d’Indemnités pour service en campagne (ISC) ainsi que par le versement de salaires tronqués, concernent 60% de militaires déployés, ou l’ayant été, en opération extérieure (opex).
Et ces dysfonctionnements provoquent des situations extrêmement difficiles pour beaucoup de militaires, plongés dans de graves difficultés financières, avec des conséquences que l’on peut facilement imaginer sur leurs familles. « La vie quotidienne est pourrie par le risque qui plane sur chaque fin de mois. Comme une épée de Damoclès. Quand on est seule avec ses enfants, que le mari se bat au loin, on se sent abandonnée. Et même quand le couple est uni, les prises de bec sont fréquentes. On est tous sous tension » confiait récemment une femme d’un soldat du 48ème Régiment de Transmissions d’Agen, menacé d’expulsion de son logement.
Cela étant, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour qui cette situation est « indigne d’un pays comme la France », a lancé un plan d’actions pour y remédier. Ce dernier a prévu la mise en place d’un numéro vert pour signaler les incidents de soldes ainsi que celle d’un « comité d’utilisateurs » auquel sont conviées les femmes de militaires et qui doit se réunir tous les mois.
La première réunion de ce comité, qui a eu lieu le 23 octobre, a consisté en une prise de contact. Aucune solution concrète n’a été apportée pour le moment.