La vente de 60 Rafale aux Emirats arabes unis n’est pas une priorité pour Jean-Yves Le Drian

Annoncée comme imminente au début de l’année, la vente de 60 avions Rafale aux Emirats arabes unis ne s’est pas encore faite et risque bien de ne pas se faire du tout. C’est du moins ce qu’a laissé entendre le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, dans les colonnes du quotidien « Le Parisien« .

Pour son premier déplacement dans le golfe Persique, l’actuel locataire de l’Hôtel de Brienne avait choisi les Emirats arabes unis, pays avec lequel la France entretient une profonde relation militaire au point des des forces françaises y sont pré-positionnés.

Interrogé sur les négociations portant sur la vente du Rafale, lancées il y a maintenant plus de 4 ans, Jean-Yves Le Drian a fait savoir que ce sujet n’a pas été abordé au cours de sa visite. « Un ministre de la Défense s’adresse à des partenaires, pas à des clients. Il n’arrive pas avec un catalogue sous le bras. Je pense que, si la France n’a jamais vendu de Rafale, c’est qu’on a peut-être confondu les rôles. Je ne les confondrai pas » a-t-il expliqué.

« Je pense que chacun doit rester dans son rôle. Les relations d’Etat à Etat doivent rester des relations d’Etat à Etat, c’est-à-dire un partenariat stratégique et technologique. Le rôle d’un membre du gouvernement, c’est d’établir les conditions de la confiance. Les industriels, eux, doivent jouer leur rôle et proposer l’offre la plus performante. Mais il ne faut pas mélanger les genres » a-t-il ajouté.

Sauf qu’il est réducteur de dire que le Rafale ne s’est pas encore vendu à l’exportation parce qu’il y a eu confusion des rôles en France. Des contrats de cette nature, qui engagent la force aérienne d’un pays sur plusieurs dizaines d’années, a évidemment une dimension politique.

Selon M. Le Drian, la question du Rafale a « empoisonné » les rapports entre la France et les Emirats. « Il y a eu un effilochage de notre relation depuis dix-huit mois » a-t-il ajouté, en affirmant ensuite qu’Abu Dhabi a fait passer le poucentage de ses dépenses militaires en France de 70 à 10%. « Mon objectif était de rétablir la confiance » a-t-il poursuivi. Et par conséquent, la vente de l’avion de Dassault Aviation attendra.

Cela étant, les difficiles négociations au sujet du Rafale ne sont pas en elles-mêmes les responsables des récentes anicroches entre la France et les Emirats, même si ces derniers n’ont pas apprécié quelques indiscrétions publiées à leur sujet par la presse. En revanche, il est vrai que les autorités émiraties ont été mécontentes d’un article du Figaro (propriété de Dassault) concernant leur achat d’équipements de sécurité israéliens alors qu’elles n’ont officiellement aucune relation avec Tel-Aviv.

Et puis l’on peut également citer les pression des Emirats sur Paris afin d’obtenir des droits de trafic supplémentaires à destination de la France pour leurs compagnies aériennes. Il avait fallu, à l’époque, l’intervention de l’ancien président Sarkozy pour remettre les choses au clair lors d’une rencontre à l’Elysée, en décembre 2010, avec le prince héritier d’Abou Dhabi.

Aussi, et après un énième épisode dans cette affaire ayant contraint Charles Edelstenne, le pdg de Dassault Aviation, à reprendre les choses en main, le site LaTribune.Fr écrivait, en février dernier, que les relations entre « le constructeur aéronautique français et Abu Dhabi étaient « au beau fixe » et que « tout avait été déverouillé. »

Mais a priori, l’élection présidentielle française a tout ralenti. La même source écrivait ainsi, en mai, que le Nicolas Sarkozy, battu, n’était alors « plus là pour mettre une pression énorme sur les Emiratis ainsi que sur son entourage pour finaliser coûte que coûte le contrat », en précisant qu’Abou Dhabi attendait « un signe du nouveau président. »

Ce signe pourrait être la lettre que le président Hollande à fait transmettre au prince héritier d’Abu Dhabi par l’intermédiaire de Jean-Yves Le Drian. S’agirait-il de préparer ainsi une visite du chef d’Etat français aux Emirats au pour évoquer des contrats d’armement. Interrogé par le Parisien sur cette éventualité, le ministre de la Défense a botté en touche.

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