La France cèdera au Sénégal les archives concernant la répression sanglante de tirailleurs à Thiaroye

Lors de son déplacement au Sénégal, le président François Hollande a évoqué la sanglante répression de la révolte de plus d’un milliers de tirailleurs communément appelés « sénégalais » mais en fait originaires de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, par des gendarmes français à Thiaroye, près de Dakar, le 1er décembre 1944.

Comme lors de la Première Guerre Mondiale, ces tirailleurs africains furent mobilisés lors de la campagne de France en mai-juin 1940 et combattirent vaillamment, ce qui leur valut d’être victimes d’exactions commises par les troupes allemandes, comme en témoigne le tata sénégalais (cimetière traditionnel) de Chasselay, dans le Rhône.

Beaucoup d’autres furent faits prisonniers. Mais pour les autorités nazies, il n’était pas question, pour des motivations racistes, de les interner en Allemagne. Ces tirailleurs furent donc envoyés dans des « frontstalag », c’est à dire des camps situés en France, et plus généralement, dans les pays occupés.

Lors des combats de la Libération, ces tirailleurs furent parmi les premiers prisonniers de guerre à être libérés. Et décision fut prise de les démobiliser au Sénégal, en novembre 1944, en leur promettant le versement de leur arriérés de soldes ainsi que de leur prime de démobilisation à Dakar.

Seulement, une fois arrivés au camp de transit de Thiaroye, la promesse ne fut pas tenue. Ce qui provoqua une mutinerie le 1er décembre 1944. Et cette dernière fut réprimée par les gendarmes, épaulés par le 7ème Régiment de Tirailleurs sénégalais et le 6ème Régiment d’Artillerie Coloniale (RAC).

Le bilan officiel fait état de 35 anciens tirailleurs tués et de 48 autres arrêtés, dont certains furent condamnés à de lourdes peines de prisons, lesquelles seront finalement amnistiées par le président Vincent Auriol, en 1947. Depuis, la répression du camp de Thiaroye est commémorée chaque année au Sénégal, à l’occasion de la Journée du tirailleur sénégalais, qui a lieu tous les 23 août.

Au cours de sa visite officielle à Dakar, le président Hollande a donc promis de transmettre aux autorités sénégalaises toutes les archives françaises ayant trait à cette tragédie.

« La France se souvient qu’en 1914 et en 1940, elle a pu compter sur le concours de nombreux Sénégalais enrôlés de gré ou de force sous le drapeau tricolore et dont le courage a permis à la France d’être ce qu’elle est aujourd’hui » a souligné le président Hollande devant l’Assemblée nationale sénégalaise.

« Par deux fois au cours du siècle dernier, le sang africain a été versé pour la liberté du monde. Nous ne l’oublierons jamais. Cette histoire a aussi sa part d’ombre » a-t-il poursuivi. « La part d’ombre de notre histoire, c’est aussi la répression sanglante qui en 1944 au camp de Thiaroye provoqua la mort de 35 soldats africains qui s’étaient battus pour la France. J’ai décidé de donner au Sénégal toutes les archives dont la France dispose sur ce drame afin qu’il puisse les exposer au mémorial sur Thiaroye » a-t-il affirmé.

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