Fanfaronnade nord-coréenne

L’on ne peut pas dire, du moins en fonction de ce que l’on sait, que l’armée nord-coréenne dispose d’équipements modernes. Pour ne prendre qu’un exemple, ses forces aériennes ne comptent pas d’avions récents, les plus modernes étant le MiG-29 Fulcrum et le SU-25. Mais ces derniers ne constituent pas l’essentiel des 650 appareils de combat que Pyongyang prétend mettre en oeuvre. Parmi ceux-ci, l’on trouve de nombreuse copies chinoises de MiG-21 et de MiG-17, qui ne feront pas le poids avec des F-15 sud-coréens en cas de conflit.

Malgré ses capacités militaires dépassées, Pyongyang ne cesse de menacer, et même de provoquer Séoul, tantôt évoquant une « guerre sacrée », tantôt en se livrant à des attaques ponctuelles, comme celle contre la corvette Cheonan, coulée en 2010.

Cela étant, les forces armées nord-coréennes sont bien conscientes de leurs insuffisances. En octobre 2009, le général Walter Sharp, qui était alors le commandant des troupes américaines basées en Corée du Sud, avait déclaré que Pyongyang développait des capacités propres aux guerres dissymétriques (étude des engins explosifs improvisés, cyberguerre, etc…) et se préparait à mener éventuellement une guerre non-conventionnelle en ayant recours à des ogives bactériologiques et chimiques, montées sur des missiles balistiques.

Cette menace n’est pas à prendre à la légère étant donné que la Corée du Nord disposerait de 600 engins de type Scud. Ce danger explique en partie la volonté de Séoul d’augmenter la portée de ses propres missiles afin de pouvoir atteindre n’importe quelle cible située sur le territoire nord-coréen. Et cela sera possible après un accord allant dans ce sens conclu entre Séoul et Washington le 7 octobre dernier.

Bien évidemment, cette dernière annonce n’a pas manqué de faire réagir le régime de Pyongyang. « L’armée révolutionnaire (de Corée du nord), y compris ses forces de missiles stratégiques, ont placé à portée de tir non seulement les forces américaines dans la péninsule coréenne mais aussi le Japon, Guam et même le territoire des Etats-Unis » a ainsi affirmé le porte-parole de la Commission de la Défense nationale.

De tels propos ne sont pas nouveaux. En avril, le vice-maréchal nord-coréen Ri Yong-ho avait déclaré que l’armée de son pays était « équipée d’armements puissants et modernes capables de défaire les États-Unis. »

Seulement, tout cela relève de la fanfaronnade, du moins pour ce qui concerne la capacité supposée de la Corée du Nord à atteindre le territoire américain avec des missiles balistiques. Tout simplement parce qu’elle ne dispose pas de telles armes.

Lors de la parade militaire du 15 avril, donnée en l’honneur de Kim Il-sung, le fondateur du régime, des missiles intercontinentaux KN-8 ont bien été exhibés. Mais selon les analystes qui les ont regardés de près, ces engins n’auraient été en fait que de simples maquettes.

Qui plus est plus, l’on voit mal comment la Corée du Nord pourrait disposer de missiles intercontinentaux alors qu’elle ne maîtrise pas encore la technologie nécessaire pour mettre en orbite un satellite, ses trois essais en la matière s’étant soldés par autant d’échecs.

A Washington, l’on a sous-entendu que cette menace n’est pas à prendre au sérieux. La porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a ainsi déclaré que les dirigeants nord-coréens « devraient nourrir leur propre population plutôt que de se vanter de la capacité de leurs missiles. »

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