Budget 2013 de la Défense : 5,5 milliards d’euros de commandes gelés

Le projet de loi de finances pour l’année 2013 a été bâti avec l’espoir de réduire le déficit public en deçà de 3% du PIB, avec une hypothèse de croissance de 0,8%. Bien que ne faisant pas partie des postes de dépenses prioritaires, le ministère de la Défense devrait disposer d’un budget, hors pensions, de 30,2 milliards d’euros, auxquelles s’ajouteront 1,2 milliards de recettes exceptionnelles.

A peu de choses près, ces ressources sont stables par rapport à l’exercice précédent. Mais pour être définitivement fixé, il faudra encore attendre l’issue des débats parlementaires. L’an passé, le budget de la Défense avait été annoncé en légère hausse, avant d’être rogné de quelques centaines de millions d’euros, crise oblige. Cela avait d’ailleurs valu au ministre de l’époque, Gérard Longuet, de s’expliquer à plusieurs reprises devant la commission de la Défense et des Forces armées de l’Assemblée nationale.

Cela étant, cette stabilité ne permet évidemment pas de combler l’écart avec les objectifs affichés par la Loi de Programmation Militaire encore en vigueur. A la fin de l’année 2011, selon un rapport de la Cour des comptes, ce dernier s’élevait à 1,89 millard d’euros. Et, toujours d’après le même document, et compte tenu des arbitrages rendus en 2012, il devrait être de 4 milliards d’euros en 2013.

Dans ces conditions, des arbitrages ont dû être faits au détriment de certains programmes, et cela dans l’attente des conclusions du prochain Livre blanc, dont certaines pourraient remettre en cause certains choix.

Cela étant, des dépenses sont « sanctuarisées », comme celles concernant la dissuasion nucléaire (3,4 milliards). La recherche va voir ses ressources portées à 750 millions d’euros. L’entretien des matériels, usés par les opérations extérieures, aura une enveloppe de 2,9 milliards d’euros (+8%).

En outre, les programmes d’envergure, comme le Rafale, les frégates multimissions (FREMM) et les futurs sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda, seront préservés.

Mais dans le même temps, pour rester « dans les clous », la Défense devra faire des économies sur des dépenses de fonctionnement (-7%) et supprimer 7.234 postes (ce qui est conforme à la trajectoire de la LPM 2009-2014 et qui représente 60% des suppressions d’emplois de la Fonction publique). En outre, 5,5 milliards d’euros de commandes seront reportées, ce qui impactera une soixantaine de programmes, lesquels seront décalés de quelques mois, voire de quelques années.

Et c’est l’armée de Terre qui fait figure de principale victime, avec le report de son très important, car structurant, projet Scorpion (Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation), dans le cadre duquel doit se faire le remplacement des actuels VAB (véhicule de l’avant-blindé). Or, c’était une « priorité absolue » pour ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Irastorza, qui avait en effet avancé que sans ce type de véhicule, « nous serions incapables de remplir nos missions ».

Par ailleurs, Panhard, qui vient de fêter la livraison du 1.000e Petit Véhicule Protégé (PVP) à l’armée de Terre, verra une commande annulée de son blindé. En revanche, MBDA pourra se réjouir car le Missile Moyenne Portée (MMP), destiné à remplacer les missiles antichar Milan, devrait être confirmé, de même qu’une tranche additionnelle d’hélicoptères de transport NH-90 Caïman. Enfin, la procédure pour remplacer les avions ravitailleurs C135 de l’armée de l’Air sera lancée à la fin de l’année 2013.

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