Le lieutenant-colonel Fouquereau porte plainte en diffamation contre Hervé Ghesquière

Mis en cause par le journaliste Hervé Ghesquière, qui, avec son confrère Stéphane Taponnier, avait été retenu en otage par les insurgés afghan pendant 547 jours, le lieutenant-colonel Jackie Fouquereau, alors à l’époque responsable du bureau de presse de l’armée française à Kaboul, a décidé de porter plainte en diffamation devant le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas de Calais). Cette affaire sera examinée le 9 octobre prochain.

Pour le reporter, l’officier serait à l’origine de la polémique qui a éclaté après l’annonce de leur enlèvement dans la province de Kapisa, où il s’était rendu sans prévenir autorités militaires à Kaboul. Dans le livre qu’il vient de publier chez Albin Michel, il reproche au lieutenant-colonel Fouquereau d’avoir « intoxiqué » les autorités françaises en affirmant que le journaliste avait cherché « à tout prix à rencontrer des talibans » avec son collègue.

Qui plus est, Hervé Ghesquière n’a pas eu le sentiment d’avoir commis une imprudence – laquelle sera vivement reprochée par les responsables politiques d’alors – étant donné qu’il n’avait pas été prévenu des risques qu’il pouvait courir en allant dans ce secteur, où au cours des 6 derniers mois, 7 militaires français avaient perdu la vie.

Dans un entretien accordé à La Semaine dans le Boulonnais, Hervé Ghesquière est allé jusqu’à qualifier le lieutenant-colonel Fouquereau de lâche car ce dernier refusait de le rencontrer.

Et c’est ce qui motive la plainte déposée contre le journaliste par cet officier, qui s’estime, a-t-il confié au Monde, « lynché médiatiquement ». Et d’ajouter : « J’ai eu le sentiment d’avoir fait mon travail. On me traite de lâche et de menteur. On est dans la diffamation, je n’ai rien à dire à M. Guesquière » tout en soulignant avoir informé la rédaction du reporter « d’incidents », lors de sorties avec les militaires français sur le terrain.

Lors du point presse hebdomadaire du ministère de la Défense, le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’Etat-major des armées (EMA), a évoqué cette affaire. « La liberté de la presse n’est pas en cause. Mais il y a un problème quand un reportage ne se termine pas comme prévu et qu’on cherche à en faire porter la responsabilité sur d’autres. D’autres n’ont pas cherché de bouc émissaire » a-t-il affirmé.

« Pendant ces 547 jours, dès qu’un indice laissait penser que la vie des otages pouvait être mise en cause, les opérations ont été stoppées. A chaque fois, les insurgés ont reconstitué leurs forces et ont posé des engins explosifs improvisés. Les soldats ont contribué à la sécurité de la Kapisa et à la libération des otages. A aucun moment (M. Ghesquière) n’a fait état de ce rôle. Pendant ces 547 jours, 27 militaires sont morts » a-t-il tenu à rappeler.

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