La Russie prolonge sa présence militaire au Kirghizstan

Il y a quelques années, la Russie s’inquiétait de l’influence des Etats-Unis dans sa sphère d’influence héritée de l’ère soviétique, avec la « révolution orange » en Ukraine et l’arrivée au pouvoir de Viktor Iouchtchenko, un pro-occidental, comme l’est l’actuel président Mikheïl Saakachvili en Géorgie, ou encore l’implantation d’une base militaire américaine au Kirghizstan, dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ».

Depuis, la révolution orange aura été sans lendemain. L’une des figure de proue du mouvement devenue Premier ministre, Ioulia Timochenko, a été mise sous les verrous et le nouveau pouvoir issu des urnes est plus favorable à Moscou. En Géorgie, le président Saakachvili risque de perdre les prochaines élections législatives face à l’oligarque Bidzina Ivanichvili, qui, bien qu’ayant promis la poursuite de l’intégration euro-atlantique, a promis de rétablir les liens avec la Russie ainsi qu’avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, les deux républiques ayant fait sécession depuis la guerre russo-georgienne de 2008.

Quant au Kirghizstan, où le gouvernement russe voyait d’un mauvais oeil la base américaine installée à Manas, près de la capitale Bichkek, les choses reviennent progressivement comme avant : le Pentagone devra rendre les clés de l’emprise que ses troupes occupent actuellement à la fin 2014, c’est à dire quand l’engagement de l’Otan en Afghanistan sera terminé et la Russie vient même de trouver un terrain d’entente pour prolonger sa présence militaire dans cette ex-république soviétique d’Asie Centrale.

Selon les termes de cet accord conclu le 20 septembre, la base russe située sur l’aérodrome de Kant est maintenue, un centre de télécommunications sera installé et il est prévu de livrer du matériel militaire à l’armée kirghizes.

Et d’après l’agence Itar-Tass, « les militaires russes assureront la défense de la souveraineté et de la sécurité du Kirghizstan avec les forces kirghizes. » L’accord sera valable pendant 15 ans à partir de 2017. Il pourra ensuite être prolongé tous les 5 ans.

Et comme l’état de l’économie Kirghize n’est pas très mirobolant –  heureusement que les Etats-Unis ont versé un loyer prohibitif pour l’usage de la base de Manas – l’on peut parier sans trop de risque que les troupes russes maintiendront leur présence dans le pays pendant très longtemps. Surtout si, à chaque renouvellement de bail, à compter de 2032, Moscou se proposer d’effacer la dette de Bichkek, comme vient de le faire le président russe, Vladimir Poutine.

Pour Moscou, qui a obtenu un accord similaire avec le Tadjikistan – mais pour 49 ans – il s’agit de « faire face aux forces extrémistes actives dans cette région proche de l’Afghanistan. » « Ceux qui veulent déstabiliser la situation dans la région doivent savoir qu’il y a là des forces qui s’opposeront à l’infiltration de l’extrémisme » a déclaré M. Poutine.

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