Syrie : Le président Hollande prêt à une intervention militaire en cas d’utilisation d’armes chimiques

« Jusqu’ici, je n’ai pas donné l’ordre d’intervenir militairement (ndlr, en Syrie). Mais si nous commencions à voir des quantités d’armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation » avait déclaré le président Obama, le 20 août dernier.

Pour les Etats-Unis, les armes chimiques amassées par la Syrie constituent un des problèmes majeurs car elles concernent également les pays voisins et peuvent tomber, en cas d’effondrement du régime, entre de mauvaises mains. « Nous surveillons la situation de très près, nous avons mis sur pied un ensemble de plans (…) et nous avons fait savoir de façon claire et nette à toutes les forces dans la région qu’il s’agissait d’une ligne rouge pour nous, et qu’il y aurait des conséquences énormes » avait donc expliqué le locataire de la Maison Blanche, rejoint sur cette question par le Premier ministre britannique, David Cameron.

Lors de la XXe Conférence des ambassadeurs, tenue le 27 août à l’Elysée, le président Hollande a d’abord rappelé que la France s’inscrit « dans la légalité internationale » et qu’elle « ne participe à des opérations de maintien de la paix ou de protection des populations qu’en vertu d’un mandat et donc d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unis », dont il a déploré le blocage sur la question syrienne par la Russie et la Chine et au sujet duquel il a émis le souhait de lui voir appliquer une réforme « pour permettre à de nouveaux membres permanents comme non permanents d’y siéger ».

Seulement, la question des armes chimiques syriennes est aussi une « ligne rouge » pour le président français et leur éventuelle utilisation serait un motif d’intervention militaire.

« Je le dis avec la solennité qui convient : nous restons très vigilants avec nos alliés pour prévenir l’emploi d’armes chimiques par le régime (syrien) qui serait pour la communauté internationale une cause légitime d’intervention directe » a-t-il en effet déclaré. « Je sais la difficulté de la tâche, je mesure les risques mais l’enjeu dépasse la Syrie. Il concerne toute la sécurité du Moyen-Orient et en particulier l’indépendance et la stabilité du Liban » a-t-il ajouté.

En outre, François Hollande a une nouvelle fois demandé le départ du président Bachar el-Assad et appelé l’opposition syrienne à « constituer un gouvernement provisoire, inclusif et représentatif » qui sera reconnu par la France. Le locataire de l’Elysée a aussi indiqué que Paris « travaille » en « en concertation avec » ses « plus proches partenaires » à la création de zones tampons en Syrie, ce que demande la Turquie, qui a prévenu qu’elle aura du mal à accueillir « plus de 100.000 » réfugiés syriens sur son sol.

Ces annonces viennent après l’évocation, le 23 août, par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, d’une éventuelle d’une zone d’exclusion aérienne « partielle » en Syrie. Cette proposition, déjà implicitement formulée deux semaines plus tôt par Hillary Clinton, risque de se heurter, comme les autres, à l’opposition de la Russie et de la Chine, dont l’attitude au Conseil de sécurité, pour le président Hollande, « affaiblit notre capacité à accomplir le mandat que la charte des Nations unies nous a confié ».

Cela étant, si un accord est trouvé à l’ONU, certains « experts » estiment que l’instauration de cette No Fly Zone partielle est faisable. Ainsi, François Heisbourg, qui siège au titre des personnes qualifiées à la commission du Livre blanc, a affirmé à l’AFP, le 24 août, que « militairement, c’est relativement facile et pas très compliqué ». « Faire une zone d’exclusion partielle est quelque chose qui est faisable, à petite échelle, à des fins humanitaires, le long de la frontière » a-t-il insisté.

« Par exemple, sur 20 km le long de la frontière turque, vous prévenez le gouvernement syrien qu’aucune activité aérienne militaire de la Syrie ne sera acceptée. Ensuite les Syriens mettent au défi ou ne mettent pas au défi » a encore expliqué François Heisbourg.

Seulement, c’est oublier qu’un F-4 Phantom turc a été abattu en juin dernier par la défense aérienne syrienne, qui ne s’est pas posé la question de savoir s’il fallait mettre au défi ou pas Ankara.

NB : Au sujet de la NFZ, lire le papier du général FLEURY, ancien CEMAA, publié par Le Monde

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]