Coup de chaud entre le Japon et la Corée du Sud

Ce ne sont pas les différends territoriaux qui manquent dans la région Asie-Pacifique. Et cela donne lieu à des tensions entre les pays qui se disputent des îlots, comme récemment entre Pékin et Manille, au sujet du récif de Scarborough, en mer de Chine méridoniale.

Cette fois, les relations se sont brusquement tendues entre le Japon et la Corée du Sud. En cause, les « Rochers Liancourt », appelés Takeshima pour Tokyo et Dokdo pour Séoul. Officiellement, il n’y a que deux habitants sur ces îlots situés en mer du Japon et sur lesquels s’exerce la souveraineté sud-coréenne.

Les Rochers Liancourt appartenaient à la Corée avant d’être occupés en 1905 lors de la conquête japonaise de la péninsule coréenne. Après la capitulation du Japon, le 15 août 1945, Tokyo fut contraint de rendre les territoires pris aux Coréens dans le cadre du Traité de San Francisco, signé en 1951. Seulement, les Rochers Liancourt furent sciemment oubliés dans le texte par les responsables américains, afin de ne pas mettre en péril sa signature.

Et c’est justement parce qu’ils ne figurent pas dans ce traité que le Japon conteste aujourd’hui la souverenaité sud-coréenne sur les Rochers Liancourt. Quoi qu’il en soit, depuis 1954, Séoul y a déployé un détachement de garde-côtes et les a rattachés admnistrativement à l’île d’Ulleungdo, distante de 87 km.

Pour autant, ces îlots, dont les eaux sont riches en poissons et en gaz naturel (du moins potentiellement), continuent d’être une pomme de discorde entre les deux pays. En 2008, la décision japonaise d’inclure dans son territoire ces îlots dans les programmes scolaires provoqua un peu d’agitation, l’ambassadeur sud-coréen au Japon ayant été rappelé par son gouvernement.

« A la lumière des faits historiques et sur le fondement du droit international, il apparaît que Takeshima est une partie inhérente du territoire du Japon. L’occupation de Takeshima par la République de Corée est une occupation illégale mise en place sans aucune base juridique en droit international » justifiait alors le ministère nippon des Affaires étrangères.

Il y a quelques jours, Tokyo en a remis une couche en réaffirmant sa revendication sur ces îlots dans la dernière édition du rapport annuel « Défense du Japon », ce qui a bien évidemment offusqué les responsables sud-coréens.

Et leur réponse ne s’est pas faite attendre puisque le premier d’entre-eux, le président Lee Myung-Bak s’est rendu sur les Rochers Liancourt, le 10 août. Il s’agissait de la première visite de cette sorte pour un chef d’Etat sud-coréen. Du coup, Tokyo en a pris ombrage et a convoqué l’ambassadeur sud-coréen au Japon et rappelé le sien à Séoul.

Le ministre japonais des Affaires étrangères, Koichiro Gemba, a déclaré que cette visite du président Lee Myung-Bak, à quelques jours de la date anniversaire de la capitulation japonaise en 1945, aurait un « grand impact sur les relations » entre les deux pays et que Tokyo a l’intention d’y « répondre fermement ».

Hormis sur le plan économique, les relations entre le Japon et la Corée du Sud, deux pays par ailleurs alliés proches des Etats-Unis et confrontés aux mêmes menaces régionales, sont compliquées, notamment en raison du poids du passé.

Au printemps dernier, un accord de coopération militaire, le premier entre les deux pays depuis la fin de l’occupation japonaise de la Corée, aurait dû être signé. Finalement, il ne l’a pas été et risque de ne pas l’être avant un bout de temps. A l’époque, un responsable militaire avait expliqué que l’opinion publique n’y était pas encore prête.

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