Le 8ème Régiment d’Artillerie dissous en 2013?

En juillet 2008, lors de l’annonce de la réforme de la carte militaire, le couperêt tombe : le 8ème Régiment d’Artillerie de Commercy fait partie de la liste des unités appelées à disparaître. Et pour cette commune de la vallée de la Meuse, déjà touchée par des difficultés économiques et le chômage, c’est un coup dur.

Aussi, les élus prennent alors leur bâton de pèlerin pour aller plaider la cause du 8ème RA, le « Brave régiment d’Austerlitz », auprès du gouvernement de l’époque et du président Sarkozy. Avec succès.

« Compte tenu de la situation particulière de Commercy, j’ai demandé au ministre de la Défense de surseoir à cette fermeture, tant qu’une compensation équivalente en termes d’emplois ne sera pas trouvée. Le 8ème Régiment d’Artillerie sera donc pour l’instant maintenu » a ainsi écrit l’ancien chef de l’Etat, en novembre 2008, dans un courrier adressé à Bertrand Plancher, député de la Meuse.

Trois ans plus tard, le groupe Safran annonce son intention d’implanter une usine dans les environs de Commercy, avec, à terme, c’est à dire pas avant 2017, 400 emplois à la clé. Le tout avec le soutien de l’Elysée.

« Une partie du chemin a été parcourue et le régiment n’a pas vocation à disparaître dans l’instant. La reconversion n’est pas encore terminée », assure alors, en avril dernier, Gérard Longuet, ministre de la Défense à l’époque et désormais sénateur de la Meuse à plein temps.

La venue de Safran est vue comme une amorce de la reconversion de ce secteur. Et pour qu’elle soit effective, les élus comptent toujours sur le maintien d’une présence militaire à Commercy. Et le changement de majorité à l’issue des dernières élections n’aurait pas dû remettre en cause la décision de maintenir le 8ème RA. Et histoire de s’assurer de la « continuité républicaine », le maire PS de la commune, Bernard Muller, a récemment rencontré le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lequel l’a alors assuré de « le tenir au courant ».

Sauf que, le 30 juillet dernier, à l’occasion d’une visite à Commercy du major-général de l’armée de Terre, le général de corps d’armée Jean-Philippe Margueron, les choses se sont gâtées puisque la dissolution du 8ème RA a été annoncée pour l’été 2013.

Dans les colonnes de l’Est Républicain, Bernard Muller fulmine et s’en prend au messager. « Cette manière de faire est un pur scandale. Je n’ai pas été averti de sa venue pour faire une telle annonce alors que je viens de rencontrer le ministre de la Défense » tempête-t-il.

« Ce soldat a, en plus, annoncé une décision qui n’est pas prise. Certes, l’idée existe. Jean-Yves Le Drian (…) m’a confirmé l’avoir proposée au Premier ministre qui doit faire un arbitrage. Je m’étonne qu’un général, aussi gradé soit-il, puisse valider et annoncer une décision que le Premier ministre n’a pas prise. Le fonctionnaire commande-t-il le politique? Je vais m’y opposer. Quelle que soit la couleur politique du gouvernement, je me battrai pour une présence militaire à Commercy » a-t-il ajouté.

Mais, dans cette affaire, qui n’est pas sans rappeler l’annulation de la venue du Centre d’expertise et d’analyse comptable (CEAC) du Commissariat des armées à Cambrai, il est tout aussi étonnant que le ministre de la Défense conseille au maire de Commercy de « se battre » pour conserver le 8ème RA après avoir soumis l’idée de sa dissolution au chef du gouvernement…

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