Le ministre de la Défense interpellé par des riverains du camp militaire de Caylus

Il n’y a pas qu’aux abords des bases aériennes où l’on trouve des riverains qui se plaignent des « nuisances » causées par les activités qui s’y déroulent. Les camps d’entraînement militaires font également partie de la liste, et en particulier celui de Caylus, dans le Tarn-et-Garonne.

Rattaché au 17ème Régiment du Génie Parachutiste (RGP) de Montauban, le camp de Caylus abrite le Centre de Formation Initiale des Militaires du rang (CFIM) de la 11ème Brigade Parachutiste (BP) et sert de lieu d’entraînement à différentes unités venues de toute la France.

Ainsi, au début du mois, il s’y est tenu l’exercice Zaatcha, qui a impliqué 230 militaires, dont les élèves du 3e Bataillon de l’ESM Saint-Cyr, des marsouins du 1er Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) et des sapeurs du 17ème RGP.

Ce terrain sert également aux forces spéciales de l’armée de Terre (BFST), qui y a organisé l’exercice Gorgones 2011 en octobre dernier. Et selon le commandant de ces dernières, le général Brousse, il « offre un excellent ratio efficacité-coût étant assez proche du centre de gravité de la brigade qui se situe dans le sud-ouest. »

« C’est un camp d’infanterie qui offre des capacités de tirs très intéressantes pour nous y compris pour les tirs d’hélicos sous réserve de dérogations » avait-il ajouté à l’époque, dans les colonnes de la Dépêche du Midi. « Caylus est un site précieux pour la brigade même si sa géographie (implantations de riverains autour) restreint nos capacités tout comme le risque de feu notamment en cette saison nous empêche l’utilisation d’explosifs ou de balles traçantes » avait-il conclu.

Seulement, cette activité n’est pas du goût de certains voisins de cette implantation militaire, au point de créer, en 1999, l’association de défense des riverains du camp de Caylus (Adricc).

A noter qu’il y a 4 ans, au moment de l’annonce de la refonte de la carte militaire, la municipalité de Caylus redoutait la déclassification, si ce n’est la disparition, de ce camp d’entraînement… avec la perte des familles de personnels présents sur le site et un manque à gagner de plusieurs centaines de milliers d’euros.

Quoi qu’il en soit, l’Adricc, qui revendique 600 adhérents, ne désarme pas. Son président a ainsi envoyé, nous apprend La Dépêche, un courier au ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, pour trouver une solution afin de mettre un terme aux « nuisances » et de reprocher, aux autorités militaires de ne pas prendre « en compte les souhaits légitimes des riverains ».

Et l’Adricc de dénoncer « les tirs d’armes lourdes, les très fortes charges explosives, les tirs de missiles Milan et autres ERYX, le survol des hameaux et habitations à très basse altitude par les avions de largage et autres hélicoptères. Au sujet de ce dernier point, une plainte a même été déposée le 22 mai auprès de la gendarmerie après le survol du secteur par deux appareils…

Enfin, cette association s’interroge sur le coût financer de ces exercices « à l’heure des restrictions imposées à toute la population » comme elle l’avait fait en mai dernier en remettant en question « la pertinence des modes d’entraînement en vigueur aujourd’hui face aux menaces du moment ».

« Terrorisme, cyber-attaques, piraterie, vulnérabilité énergétique… il n’est pas besoin d’être militaire pour comprendre que les tirs d’armes lourdres ne sont d’aucune utilité contre ces menaces » avait-elle fait valoir. L’on pourrait penser, avec une pointe d’ironie qu’il est dommage qu’aucun de ses membres n’ait été convié en qualité de « personnalité qualifiée » à la commission chargée d’élaborer le prochain Livre blanc sur la Défense…

Le camp de Caylus a ouvert aux alentours de 1902. « La troupe était logée chez l’habitant et les terrains de manoeuvres loués aux propriétaires terriens. Il ne s’agissait alors que de petits entraînements et exercices de tirs réservés aux unités de la région. Infanterie, cavalerie, artillerie y exécutaient tout ce qui ne pouvait s’effectuer en garnison » explique le site Internet de la commune.

Ce site, qui s’étend sur 5.500 hectares, est couvert à 60% par de la forêt. Aussi, la faune et la flore y trouvent tout ce qu’il faut pour s’épanouir. Une récente étude y a recensé 474 espèces de végétaux, dont 4 protégées, et 1105 espèces d’animaux.

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