La fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1939-45 a été remise aux équipages de L’Adroit

Plusieurs navires ont porté le nom de « L’Adroit » au cours de la longue histoire la Marine nationale. Ce fut le cas pour trois vaisseaux de la Royale, entre 1671 et 1703, puis d’un torpilleur de 1.500 tonnes à partir de 1929.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, ce bâtiment avait pour mission d’escorter des convois entre l’Afrique et la Grande Bretagne et d’assurer la sécurité dans le golfe de Gascogne jusqu’en 1940. Malheureusement, il fut victime d’un bombardement de l’aviation allemande alors qu’il se trouvait à Dunkerque, après avoir été cité à trois reprises à l’ordre de l’Armée de Mer.

Par la suite, le nom de « L’Adroit » fut donné à deux autres navires au cours du conflit : le 1er avril 1941 à un torpilleur type « Le Hardi », sabordé dans la rade de Toulon le 27 novembre 1942 et, à un remorqueur mis en oeuvre par les Forces navales françaises libres (FNFL) entre 1941 et 1944.

Enfin, un escorteur côtier type Le Fougueux fut baptisé « L’Adroit » le 17 avril 1956. Ce navire prit part aux opérations en Algégie dans le cadre de missions d’appui feu naval et en transportant des commandos. Désarmé le 29 mai 1980, il fut coulé 5 ans plus tard en servant de cible de tir en mer du Nord.

Désormais, L’Adroit est un patrouilleur hauturier d’expérimentation (PHE), qui, développé sur fonds propres par DCNS, a été confié à la Marine nationale par l’industriel pour une durée de 3 ans.

Il s’agit ainsi de lui donner un certificat « sea proven » susceptible de séduire de potentiels acheteurs à l’exportation et de permettre à la Royale de disposer d’un patrouilleur supplémentaire, ce qui n’est pas un luxe.

Quoi qu’il en soit, et en mémoire des faits d’armes du torpilleur l’Adroit au cours du second conflit mondial, les équipages A et B du PHE se sont vus remettre la fourragère aux couleurs de la croix de guerre 1939-1945 avec olive par vice-amiral d’escadre (VAE)Xavier Magne, commandant la force d’action navale, à l’occasion d’une cérémonie organisée à Toulon le 26 juillet dernier.

« Cette cérémonie rappelle les actions héroïques conduites par nos grands anciens. Pour tous les marins de l’Adroit, porter cette fourragère est une grande fierté et une obligation d’exemplarité » a commenté le capitaine de frégate Loïc Guyot, le commandant de l’équipage A du navire.

« La remise de la fourragère est un symbole fort qui permet à l’équipage de l’Adroit de puiser dans ses propres traditions pour donner plus de sens encore à sa mission. Cela doit inciter les marins à se dépasser, à aller plus loin et, comme leurs aînés, à être prêt à faire le sacrifice de leur vie pour leur pays » a déclaré le VAE Magne, dont les propos ont été diffusés par le site Internet de la Marine nationale.

Long de 87 mètres, le PHE L’Adroit présente plusieurs innovations intéressantes pour des missions allant de la surveillance de zone à la lutte contre la piraterie, les trafics et le terrorisme, en passant par le sauvetage en mer. D’une autonomie de 8.000 nautiques, il est capable de rester plus de 3 semaines en haute mer, d’évoluer à une vitesse de 21 noeuds et de mettre en oeuvre un hélicoptère et un drone, en l’occurrence un Camcopter S-100 du constructeur autrichien Schiebel.

Disposant d’une disponibilité à la mer optimale de 220 jours par an, sa mise en oeuvre nécessite deux équipages (A et B) de 30 marins qui se relaient à son bord tous les 4 mois. La première mission opérationnelle de L’Adroit, qui a consisté à patrouiller en Méditerranée, semble avoir donné satisfaction à la Marine nationale (Lire à ce sujet le Retex établi par Mer et Marine).

« Nous sommes satisfaits des premiers retours d’expérience suite aux différentes missions opérationnelles menées par l’équipage de L’Adroit. Il apparaît comme une réponse pertinente aux nouveaux besoins des Marines. Plusieurs d’entre elles se sont déjà montrées intéressées et ont entamé des discussions avec DCNS » a fait valoir, au début de ce mois, Marc Maynard, le directeur des programmes Gowind chez le constructeur naval.

A la question d’un député de la commission Défense de l’Assemblée nationale visant à savoir si ce PHE peut apporter « toutes les capacités » dont la Marine nationale a besoin, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’Etat-major de cette dernière, a dit tout le bien qu’il en pensait.

« Ce type de bateaux, de la classe OPV (…) est effectivement un véritable ‘couteau suisse’. Ils sont construits selon des normes civiles, ce qui permet un entretien plus facile, condition importante pour les patrouilleurs destinés dans l’avenir à opérer outre-mer. Ils ont une plate-forme hélicoptère – nous venons d’ailleurs d’essayer un drone hélicoptère qui nous a donné toute satisfaction – et permettent le déploiement de commandos marine avec des rampes de lancement d’embarcations rapides à l’arrière. Ils sont faiblement armés, mais de manière suffisante pour les missions qu’on leur demande. Nous sommes donc globalement satisfaits du prototype » a-t-il déclaré.

Et de préciser : « Pour lutter contre le narcotrafic ou l’immigration illégale, nous avons besoin de bâtiments ayant une capacité de surveillance importante. Pouvoir y installer un drone décuple cette capacité. » Manière de dire qu’il serait bien que la Marine nationale puisse disposer de plusieurs exemplaires à l’avenir…

En attendant, L’Adroit repartira prochainement en mission et rejoindra, en septembre, l’Afrique du Sud, où DCNS espère vendre son patrouilleur hauturier.

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