La Syrie a reconnu avoir des armes chimiques en menaçant de les utiliser

Pour la première fois, le 23 juillet, la Syrie a admis détenir des armes chimiques en menaçant de les utiliser en cas d’intervention militaire étrangère. C’est le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, qui a vendu la mèche.

Ces armes « non conventionnelles » sont « stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées » et « ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère » a-t-il affirmé, en précisant, lors d’une conférence de presse donnée à Damas, qu’elles « ne seront jamais utilisées » contre les civils et cela, « quelle que soit l’évolution de la crise » qui voit le pouvoir de Bacher el-Assad violemment contesté depuis mars 2011.

Cela étant, cet aveu confirme ce qui était déjà pressenti, étant donné que Damas a toujours refusé de signer la convention qui, entrée en vigueur en 1987, interdit de produire, de stocker et d’utiliser des armes chimiques .

Par ailleurs, une constante dans la politique syrienne était de rivaliser avec Israël sur le plan militaire. Au cours des années 1970-1980, l’arsenal de la Syrie d’Hafez el-Assad a commencé à prendre de l’ampleur avec l’aide de l’URSS. Par la suite, il a continué à se développer avec, semble-t-il, le concours de l’Iran.

Ainsi, il est estimé que la Syrie dispose de stocks de gaz Sarin, VX et d’Ypérite (gaz moutarde). Le premier est un neurotoxique utilisé par la secte Aoum dans le métro de Tokyo en 1995. Le second est plus « facile » d’emploi tout en étant 10 fois plus dangereux. Enfin, le dernier, apparu lors de la Première Guerre Mondiale, s’attaque aux yeux, aux poumons et à la peau.

Selon le Wall Street Journal, dont les informations ont été confirmées depuis par d’autres journaux, le régime syrien, sous la pression de la rébellion qui a atteint Damas, aurait commencé à déplacer son stock d’armes chimiques, dont l’importance est difficile à évaluer.

Et cela donne matière à des spéculations…. Est-ce pour les mettre hors de portée des mouvements rebelles? Est-ce pour les utiliser en dernier recours? Est-ce pour en équiper des missiles Scud ou M600 de facture iranienne afin de riposter à une éventuelle intervention militaire étrangère?

En outre, et dans le cas de l’effondrement du régime de Bachar el-Assad, que deviendront ces armes? Car la rébellion syrienne, soutenue en sous-main notamment par l’Arabie Saoudite et le Qatar, n’est pas monolithique idéologiquement parlant, la présence de jihadistes dans ses rangs étant avérée.

Par conséquent, il est possible que des groupes islamistes liés à al-Qaïda puissent mettre la main sur stocks chimiques, comme il est également probable que ces derniers tombent dans l’escarcelle du Hezbollah, la milice chiite libanaise, qui pourrait en outre bénéficier de l’apport d’autres armes syriennes, comme des missiles par exemple.

En Israël, l’on se prépare à cette éventualité en mettant en alerte des unités déployées dans le nord du pays afin de surveiller des mouvements suspects. Quant aux Etats-Unis, le Figaro du 21 juillet dernier a indiqué que les forces spéciales américaines avaient été augmentés dans la région, plus précisément en Jordanie, pour traquer les armes chimiques syriennes.

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