L’incroyable rivalité entre Thales et MBDA en Arabie Saoudite

En 1984, Thales, alors Thomson CSF, décroche le contrat « Al Thakeb », qui consiste à livrer à l’Arabie Saoudite des missiles sol-air courte portée Crotale (Shahine pour les Saoudiens) montés sur des châssis d’AMX-30.

Dans le cadre de la modernisation de sa défense aérienne et du contrat Mark 3, Riyad, qui se tourne habituellement vers les pays anglo-saxons pour équiper ses forces armées, a naturellement demandé à Thales de faire une offre. En 2008, l’industriel français a donc proposé le Crotale Nouvelle Génération (NG) pour ce marché évalué à 2,5 milliards d’euros.

Lors d’un déplacement en Arabie Saoudite, en mars dernier, l’ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, a appuyé Thales, dont 26% du capital appartient à Dassault Aviation, dans les négociations avec les autorités saoudiennes.

Seulement, nous apprend le site LaTribune.fr, à la faveur de la campagne de l’élection présidentielle et de l’alternance politique qui en est résulté, MBDA, détenu à 37,5% par EADS, en a profité pour tenter de souffler le contrat en proposant des missiles VL Mica et Aster ainsi qu’une modernisation des Crotale sous la maîtrise d’oeuvre de Thales.

Comme l’on pouvait s’y attendre, l’intiative de MBDA, défendu par Jacques Bourgeois, le délégué général d’EADS au Moyen Orient et par ailleurs ancien cadre de Thales, n’a pas été du goût du groupe dirigé par Luc Vigneron, qui entend rester en première ligne dans cette affaire. Et ce qui semblait être acquis ne l’est désormais plus…

Car, histoire de brouiller les cartes davantage, l’offre de MBDA est soutenue par « une partie de la DGA » tandis que Thales est appuyé par l’ODAS, une société « créée à la demande de l’État français pour contribuer à développer les exportations dans le domaine de la défense, de la sécurité et des hautes technologies ». Du coup, rapporte LaTribune.fr, « les Saoudiens ne comprennent pas ce qui se passent, ils sont complètement surpris par cette guerre franco-française qui ne les concerne pas », au point d’être tentés d’aller voir ailleurs, comme par exemple aux Etats-Unis…

En fait, le but de la manoeuvre pour MBDA est d’arriver à mettre la main sur l’activité « Missiles » de Thales, laquelle serait relancée par le contrat saoudien. Et le groupe d’électronique n’est pas vendeur… du moins pour le moment. Car un échec à Ryad pour le contraindre à revoir sa position.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]