Le Drian : « Les Français peuvent être fiers du travail réalisé pendant onze ans par notre armée » en Afghanistan

Lors d’un entretien publié dans l’édition dominicale du quotidien Le Parisien, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a largement abordé le dossier afghan en donnant un satisfecit de ce qui a été réalisé depuis la chute du régime taleb en 2001.

« L’Afghanistan n’est plus un Etat terroriste. Al-Qaïda a vu son pouvoir profondément affaibli, et ses chefs et ses infrastructures, comme Ben Laden, éliminés. C’est un Etat avec un président et une armée constituée. Qu’il y ait encore des problèmes internes de pacification, c’est évident, mais nous ne sommes plus dans la même logique » a en effet estimé le locataire de l’Hôtel de Brienne. Et d’ajouter : « Les Français peuvent être fiers du travail réalisé pendant onze ans par notre armée ».

Cette dernière, qui vient de transmettre le contrôle de la province de Kapisa à son homologue afghane, restera en Afghanistan jusqu’à la fin 2014, c’est à dire au terme du mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). Mais comme le président Hollande l’a fait savoir lors du sommet de l’Otan de Chicago, en mai dernier, il ne sera plus question de mission combattante.

Ainsi, M. Le Drian a indiqué que les forces françaises conserveront  » la responsabilité de l’hôpital militaire de Kaboul qui fait un travail exceptionnel », poursuivront les missions de formation au profit des forces de sécurité afghanes et assumeront, à compter du 1er octobre, la sécurité de l’aéroport intenational de la capitale afghane. « C’est une reconnaissance de l’excellence française dans ces domaines » a assuré le ministre de la Défense.

Quant aux modalités du retrait des « forces combattantes », expression utilisée, selon M. Le Drian, « pour mieux faire comprendre qu’il y a des unités qui sont engagées dans le combat et d’autres plus dans le soutien et la formation » alors que, a-t-il reconnu, « tout le monde est combattant » en Afghanistan, les 3 Mirage 2000D basés à Kandahar vont rentrer à Nancy le 10 juillet et 650 militaires (sur 3.400) en feront de même avant le 1er août.

Et sans surprise, le reste des « forces combattantes » devra avoir quitté l’Afghanistan d’ici la fin de l’année. Mais le dossier le plus épineux reste le retour en France du matériel. Le « transfert logistique », pour reprendre l’expression du ministre, est en cours de planification et commencera « à partir du premier semestre 2013 », dans « la plus grande sécurité ».

A priori, le fret français devrait éviter de passer par les routes pakistanaises, qui viennent de rouvrir. Cette voie, d’après M. Le Drian, « restera risquée et très encombrée puisque les Américains vont rapatrier 23.000 hommes pendant qu’on en retire 2.000. » Aussi, et sans surprise là encore, les solutions privilégiées restent celles qui ont été utilisées jusqu’à présent, c’est à dire le recours aux avions gros porteurs de Kaboul jusqu’aux Emirats, où le matériel est ensuite embarqué à bord de bateaux pour rejoindre Toulon, ainsi que le passage par le nord de l’Afghanistan et la Russie.

Par ailleurs, lors de la conférence concernant l’aide civile pour l’Afghanistan, qui a eu lieu à Tokyo le 8 juillet, la France accordera 230 millions d’euros entre 2012 et 2016 à Kaboul au titre du développement.

« Les buts que nous nous étions fixés au départ ont été atteints, à savoir aller chercher Ben Laden et faire en sorte que les Afghans eux-mêmes gèrent leur pays » a déclaré Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, qui a ajouté que la priorité est désormais d’aider l’Afghanistan à « passer d’une économie de guerre à une économie de paix ». Cette somme viendra donc s’ajouter aux 240 millions d’euros que Paris a accordé à Kaboul au cours de ces 10 dernières années.

Au total, les représentants des 80 pays présents à cette conférence se sont engagés à verser une aide de 16 milliards de dollars (13 milliards d’euros) à l’Afghanistan, pays qui s’est vu donner le statut d’allié « majeur » non membre de l’Otan par les Etats-Unis, ce qui lui permettrade bénéficier d’une coopération militaire renforcée avec Washington, notamment pour ce qui concerne l’achat d’armements.

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