Un militaire français jugé coupable pour une balle perdue

L’affaire remonte au 23 novembre 2007. Ce jour-là, un jeune espoir du football gabonais, Khota Junior Moukadi, ressent une douleur à sa hanche droite alors qu’il est assis sur le banc de touche d’un terrain situé à Libreville. La cause? Une balle de 9 mm qui l’a touché, mettant ainsi fin à sa carrière sportive étant donné que sa blessure est irréversible, le projectile, logé près de la moelle épinière, ne pouvant pas être retiré.

Au même moment, 10 militaires des Forces françaises au Gabon (FFG) effectuent une séance de tir, à 500 mètres de là. Relation de cause à effet? Toujours est-il que le jeune gabonais prend contact avec les autorités consulaires françaises. Seulement, son cas n’a pas été étudié.

« Il n’y a quasiment rien eu de fait. On ne s’est pas trop préoccupé de l’état de M. Moukadi, resté au Gabon. Il n’a pas été convoqué, pas été écouté, pas auditionné. En 2011, on l’a fait venir en France. Mais au moment où il est arrivé, il était sans titre de séjour sur le territoire, donc il a fallu qu’il galère beaucoup pour se maintenir sur le territoire français » a raconté l’un de ses avocats, Me Grégory Saint-Michel, au quotidien Le Figaro.

Finalement, 4 militaires français ont été cités à comparaître le 5 juillet devant le tribunal de grande instance de Paris pour avoir manqué à leurs obligations de contrôle. Parmi eux se trouvent le sous-officier responsable de la séance de tir et ses supérieurs hiérarchiques. Quant aux avocats du jeune footballeur, soigné à l’hôpital des armées de Percy, ils comptaient obtenir 50.000 euros d’indemnité provisionnelle pour leur client.

Seulement, ce dossier est bien mince. Tout d’abord, rien ne prouve que la balle de 9mm qui a touché Khota Junior Moukadi, provient d’une arme utilisée par les militaires français ce jour-là, l’expertise balistique n’ayant pas pu être faite étant donné qu’il a été impossible de l’extraire du corps du plaignant.

Autre point : la portée pratique d’un PAMAS G1, qui utilise ce calibre de munition, par ailleurs répandu, est de 50 mètres, alors que le terrain de football était situé à 500 mètres de la séance de tir. A noter que l’armée française (plus précisément les forces spéciales), utilise également des Glock 17 ainsi que des pistolets mitrailleurs 9mm de type HK MP5 A5 et HK MP5 SD3, d’une portée pratique de 100 mètres.

Cela étant, Me Chabert, l’avocat du colonel mis en cause dans cette affaire, a admis que « la procédure de tir n’a pas été respectée » et évoqué « quelques imperfections ».

Quoi qu’il en soit, le sous-officier qui était directeur de tir ce 23 novembre 2007 a été jugé coupable mais dispensé de peine. Ses trois supérieurs ont quant à eux été relaxés. L’indemnisation du jeune footballeur gabonais sera étudiée par la justice administrative.

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