Les doléances des industriels français de l’armement

Quand il était encore candidat à l’Elysée, le président Hollande avait affirmé que le ministère de la Défense ne servirait de variable d’ajustement des comptes de l’Etat mais qu’il ne serait pas exempt de l’effort demandé aux autres missions non prioritaires pour réduire les déficits publics.

Et cela inquiète bien évidemment les premiers concernés, c’est à dire les militaires, mais aussi les industriels de l’armement, qui redoutent une forte baisse du budget de la Défense en ces temps de crise économique.

Mais avant, il faut attendre les orientations stratégiques et les besoins des armées définis par le prochain Livre blanc sur la Défense, qui, publié d’ici la fin de cette année, servira de base à nouvelle Loi de programmation militaire (LPM).

Aussi, afin de peser sur les débats et tenter « d’infléchir les décisions qui se préparent », le Conseil des industries de défense française (Cidef), dont la mission est d’étudier « les questions communes aux Industries de Défense françaises dans leur environnement national et européen » et de les représenter « auprès des autorités compétentes », a pris les devant en demandant à être associé à l’élaboration du Livre blanc, alors que, jusqu’à présent, les industriels n’étaient qu’auditionnés par la commission chargée de le rédiger.

Autre doléance exprimée par le Cidef auprès du gouvernement : un « meilleur soutien » à l’export, qui représente entre 30 et 40% du chiffre d’affaires des industriels de la défense. « L’industrie de l’armement française exporte pour 4 milliards d’euros de matériels militaires et génère pour 2,7 milliards d’euros d’excédent net » a ainsi souligné Christian Mons, le président de cette association.

Ce « meilleur soutien » pourrait prendre la forme d’une structure spécialisée dans les démonstrations, « comparable à celle des Britanniques de façon à présenter au mieux nos matériels aux clients étrangers. »

Seulement, le mois dernier, le nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait indiqué, lors d’un entretien accordé au quotidien Les Echos, ne pas vouloir jouer « les VRP » comme ses homologues britanniques mais être un « vecteur politique en amont ». « En ce sens, je serai très présent auprès des industriels pour accompagner notre industrie de défense à l’exportation » avait-il ajouté.

Enfin, le Cidef a également demandé une hausse de 300 millions d’euros du budget dédié à la recherche et au développement (R&D), qui est passé de 1,7 milliard par an dans les années 1990 à moins de 700 millions actuellement.

« Cette dégringolade met en péril l’avenir de nos industries dans vingt ou trente ans » a prévenu Christian Mons, pour qui seul l’Etat peut financer « des programmes de recherche à 15 ou 20 ans ».

Et le président du Cidef d’expliquer que de nouveaux concurrents, principalement venus des pays émergents comme la Chine, la Corée du Sud, la Turquie ou encore l’Afrique du Sud, ne « ne sont pas très loin de nos niveaux de compétence » tout en étant « deux fois moins chers ».

« Un jour ou l’autre, les états-majors qui ont des missions à remplir avec des budgets contraints, seront tentés de s’équiper dans ces pays là », a fait valoir Christian Mons, d’autant plus que sans un effort de recherche pour maintenir « un avantage compétitif et technologique déterminant », les industriels français ne pourront « pas justifier(leurs) coûts. » Mais d’un autre côté, serait-on tenté de répondre, les armées, en  particulier françaises,  ne doivent pas être non plus des vaches à lait…

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