Afghanistan : Les routes pakistanaises à nouveau ouvertes aux convois de l’Otan

Suite à l’incident frontalier de novembre 2011 au cours duquel 24 soldats pakistanais avait perdu la vie lors d’un bombardement de l’Otan, Islamabad avait décidé de fermer le passage aux convois de ravitaillement de la coalition internationale déployée en Afghanistan en signe de protestation.

Pour revenir sur cette mesure, le gouvernement pakistanais exigeait notamment des excuses de la part de Washington. Seulement, le président Obama s’est toujours refusé à en faire, estimant que la responsabilité de l’incident était partagée.

Seulement, la fermeture des routes pakistanaises aux convois de l’Otan a rendu plus compliqué à la fois le ravitaillement des troupes étrangères engagées en Afghanistan mais aussi leur désengagement, les 130.000 hommes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) étant appelés à se retirer du théâtre d’opérations afghan d’ici la fin 2014.

Les négociations engagées par la suite entre Islamabad et Washington pour la réouverture des routes pakistanais ont été pour le moins houleuses, d’autant plus que les relations entre les deux capitales ne sont pas au beau fixe. Un accord était attendu pour le sommet de l’Otan à Chicago, en mai dernier mais il avait été finalement reporté, les exigences pakistanaises sur le plan financier (5.000 dollars par conteneurs, ndlr) ayant été jugées abusives.

Et le mois dernier, les négociateurs américains avaient été rappelés par Washington, après des propos très durs tenus à l’égard du Pakistan par Leon Panetta, le secrétaire américain à la Défense. Ce dernier avait en effet déclaré qu’il « perdait patience » au sujet des camps jihadistes situés dans les zones tribales pakistanaises.

Finalement, la situation s’est débloquée. « La réunion du conseil de défense du gouvernement du Pakistan a décidé de rouvrir la voie de ravitaillement de l’Otan » a en effet affirmé Islamabad, le 3 juillet.

La décision des Etats-Unis de débloquer la somme de 1,1 milliard de dollars, qui avait été gelée par Washington, a sans nul doute contribué à accélérer le cours des évènements. Certainement plus que les déclarations faites auparavant par Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, qui a exprimé les « plus profonds regrets pour le tragique incident (du 26 novembre, ndlr) ». « Nous sommes désolés pour les pertes endurées par l’armée américaine » a-t-elle affirmé à son homologue pakistanaise, lors d’une conversation téléphonique.

Dans le même temps, le Pakistan n’avait pas trop le choix s’il veut rompre l’isolement dans lequel il s’est enfermé et jouer un rôle dans le dossier afghan. C’est ce qu’a d’ailleurs confirmé le nouveau Premier ministre pakistanais, Raja Pervez Ashraf, qui avait estimé que le blocage des routes de ravitaillement passant par son pays avait des conséquences négatives non seulement sur les relations avec les Etats-Unis maius aussi avec les autres qui contribuent à l’ISAF. Et cela s’ajoute le besoin de l’aide financière américaine, importante au regard de la situation économique pakistanaise.

Pour pallier à la fermeture des routes au Pakistan, l’Otan a développé un réseau alternatif de voies passant par le nord de l’Afghanistan. Pour le Pentagone, ce trajet coûte 100 millions de dollars par mois. « Nous allons donc de nouveau faire des économies substantielles » a ainsi commenté Victoria Nuland, la porte-parole du département d’Etat.

Cette réouverture des routes pakistanaises est aussi une bonne nouvelle pour l’armée française. Pour son désengagement, elle a jusqu’à présent utilisé des avions gros porteur Antonov afin d’acheminer le matériel vers les Emirats arabes unis, où il est ensuite chargé sur des navires pour revenir en France. Désormais, la même opération pourra se faire depuis le Pakistan.

Cependant, cela ne sera pas sans danger. Le mouvement taleb pakistanais a en effet menacé d’attaquer les convois de l’Otan et de tuer les chauffeurs des camions…

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