Il y a 30 ans, un officier français partait pour l’espace

De nos jours, l’espace ne fait plus les gros titres des journaux, sauf quand il y a une catastrophe, comme en 2003 avec l’explosion de la navette Columbia. Désormais, le fait divers a pris le pas sur cette extraordinaire aventure humaine, ce qui laisse supposer qu’envoyer un homme ou une femme en orbite est devenu banal. D’ailleurs, certains imaginent maintenant faire du tourisme en orbite…

Cela n’était pas le cas il y a 30 ans, précisément le 25 juin 1982, quand le colonel Jean-Loup Chrétien (qui gagnera les étoiles de général par la suite) s’envola avec le vaisseau Soyouz T-6 pour passer une semaine en orbite à bord de la station Saliout 7. C’est ainsi qu’il devint le premier Français – et aussi le premier Européen de l’Ouest – à voler dans l’espace.

Né à La Rochelle le 20 août 1938, Jean-Loup Chrétien devint officier de l’armée de l’Air après son diplôme d’ingénieur obtenu à l’Ecole de l’Air en 1961. Pilote d’essais au Centre d’essais en vol d’Istres, il fut le responsable du programme Mirage F1 de 1970 à 1973.

Avant cette première mission spatiale franco-soviétique, il raconte, dans son livre « Sonate au clair de terre » : « C’était en 1977, deux ans avant le début de la sélection des premiers cosmonautes français. J’avais à l’époque rejoint l’état-major de la 4e Région aérienne à Aix-en-Provence et je m’y morfondais en me demandant comment j’allais me sortir de ce que je ressentais comme un mauvais coup du sort. Pilote avant tout, j’avais choisi cette carrière d’officier pour réaliser mon rêve de voler et non pour me retrouver enfermé dans un état-major. Aussi, dès que je pouvais, j’allais rejoindre la 5ème Escadre de chasse à Orange, à près de 100 km de là, pour tenter de vivre ma passion. Je faisais la route presque tous les soirs dans ma valeureuse 2 CV, dont les performances me donnaient le loisir de laisser aller mon imagination ».

Et le rêve le plus fou devint réalité, après quand même deux ans d’entraînement exigeant à la Cité des Etoiles, près de Moscou, avec Patrick Baudry, un autre pilote de l’armée de l’Air, pour doublure.

Lors de la mission PVH (Premier Vol Habité), Jean-Loup Chrétien passa 189 heures dans l’espace. Un galop d’essai en somme car en 1989, il fut à nouveau désigné pour un second vol avec les Soviétiques, Patrick Baudry ayant quant à lui effectué un séjour dans l’espace à bord de la navette américain Discovery en 1985.

Ainsi, le 26 novembre 1988, et au terme de deux nouvelles années d’entraînement, Jean-Loup Chrétien décolla de Baïkonour pour passer près d’un mois à bord de la station spatial Mir, dans le cadre de la mission Aragatz. A cette occasion, il devint le premier non américain et non soviétique à effectuer une sortie extra-véhiculaire qui dura 5 heures et 57 minutes, ce qui fut un record à l’époque.

En 1997, il retrouva la station Mir pour quelques jours, mais cette fois dans le cadre d’une mission de la NASA (STS-86), à bord de la navette Atlantis et en qualité de spécialiste.<./p>

Commandeur de la Légion d’Honneur, chevalier de l’Ordre national du Mérite, Héros de l’Union soviétique, titulaire de la médaille des vols spatiaux de la Nasa, le général Jean-Loup Chrétien, après plus de 10.000 heures de vol, s’est revonverti dans les affaires. Avec l’idée de trouver des applications terrestres aux technologies développées pour les programmes spatiaux, il a ainsi créé Tietronix Optics4 à Lannion ainsi que, plus récemment, un société spécialisée dans l’imagerie virtuelle et la réalité augmentée.

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