La Cour des comptes estime que la gestion de l’Ecole Polytechnique n’est pas « satisfaisante »

C’est en 1804 que Napoléon Bonaparte a donné un statut militaire à l »Ecole Polytechnique, créée 10 ans plus tôt afin de former les ingénieurs de la jeune République française. Il faudra attendre 1970 pour que l’X, comme elle est également appelée, devienne un établissement public, sous tutelle du Ministère de la Défense.

Si, à sa création, le concours organisé chaque année pour intégrer cette prestigieuse école devait pemettre d’éviter le « favoritisme » en mettant en avant les « mérites individuels », la part des élèves issus des milieux modestes s’est considérablement réduite depuis les années 1950.

Selon un rapport commandé en 2007 par Hervé Morin, alors ministre de la Défense, et portant sur les recrutements de 4 grandes écoles, il était apparu que le pourcentage d’élèves venant d’un milieu « populaire »  était passée de 29% à 9% de 1955 à 2005. Ce qui a conduit l’ancien locataire de l’Hôtel de Brienne à parler « d’endorecrutrement ».

Et la Cour des comptes vient de faire un constat identique, pointant dans un courrier adressé en avril dernier à Gérard Longuet, alors ministre de la Défense en exercice, une « diversité excessivement limitée » parmis les élèves ingénieurs de l’X. Ainsi, le document fait état de 11% de boursiers, ce qui est « loin de l’objectif de 30% fixé par le gouvernement ».

Les sages de rue Cambon ont également relevé « le recrutement coûteux d’élèves étrangers », qui, en raison des exonérations de frais de scolarité (2 millions par an) et autres charges, s’élève à plus de 7,5 millions, « soit 75.000 euros par ingénieur ». Et de préconiser davantage de transparence de la part de l’Ecole sur ce point.

Autre sujet qui fâche : l’abandon de la « pantoufle », qui consiste à faire rembourser les frais de scolarité à un élève s’il n’intègre pas la fonction publique à l’issue de ses études. Cette mesure a causé « un manque à gagner d’au moins 300.000 euros ». D’où la recommandation de la Cour des comptes de la rétablir.

Plus généralement, c’est toute la gestion de l’Ecole Polytechniques qui est sévèrement critiquée dans ce document, qui rappelle qu’elle avait déjà été épinglée par un rapport du Contrôle général des armées et de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale en 2010.

Dans son courrier, Didier Migaud, le Premier président de la Cour des comptes, a relevé que les observations déjà faites à l’X « auraient pu, et dû, être mises en application depuis longtemps si les observations précédentes de la Cour avaient été suivies d’effet ».

Par exemple, la comptabilité analytique ne serait pas assez « fiable » pour « complet de la scolarité (qui) reste difficile à évaluer ». Egalement dans le collimateur, la politique immobilère de l’école, qui manque de professionnalisme. Et de citer le cas de la rénovation de la bibliothèque, qui a dû être financée par une mesure exceptionnelle, « faute d’avoir été prise en compte dans une programmation d’investissement ».

Autre point abordé : la gestion des professeurs, qui serait « trop laxiste », selon Didier Migaud. « L’école demande à ses enseignants des services nettement inférieurs à ceux des universitaires » a-t-il souligné, tout en accordant à ceux qui sont à temps incomplet, et en dépit des textes règlementaires, une majoration de rémunération qui aurait représenté un surcoût de 1,3 millions d’euros en 2009.

Enfin, la Cour des comptes souligne que les réformes entreprises depuis 10 ans ont « traduit la volonté d’ouvrir et tranformer l’école (…) Mais une stratégie globale reste encore à définir pour mieux figurer dans les classements internationaux » et « mieux valoriser son image ».

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