Abattu au-dessus de l’URSS aux commandes de son U2, Francis Gary Powers a reçu la Silver Star à titre posthume

Il y a de la repentance dans l’air en ce moment. Le 8 mai dernier, la fille du journaliste Edward Kennedy, licencié en 1945 par l’Associated Press pour avoir révélé la capitulation de l’Allemagne nazie avant l’annonce officielle, a reçu les plates excuses de Tom Curley l’actuel patron de l’agence de presse pour la conduite pas très convenable de son entreprise à l’époque…

Plus récemment, c’est Dublin qui vient de pardonner aux milliers de soldats qui avaient déserté son armée pour rejoindre les forces alliées au cours de la Seconde Guerre Mondiale alors que l’Irlande était neutre. Ces militaires s’étaient vus priver de leur pension ainsi que de l’accès à tout emploi public pendant 7 ans.

« Le gouvernement reconnaît la valeur et l’importance de leur contribution militaire à la victoire des Alliés et va introduire un texte de loi accordant le pardon et l’amnistie à ceux qui ont quitté sans permission les rangs de l’armée pour se battre aux côtés des Alliés » a annoncé, la semaine passée, le ministre irlandais de la Défense. Et cela, 70 ans après la fin du conflit, alors que les témoins de cette époque se sont hélas de plus en plus rares. Mieux vaut tard que jamais, dit-on. Mais quand même.

Au Etats-Unis, l’on s’est enfin décidé à décerner la Silver Star à Francis Gary Powers, le pilote de l’avion espion U2 abattu en 1960 au-dessus de l’Union soviétique par un des 8 missiles S-75 « Dvina » (ou SA-2) tirés en direction de son appareil.

Mais à titre posthume, étant donné que cet aviateur s’est tué en 1977 aux commandes d’un hélicoptère qu’il pilotait pour une chaîne de télévision.

Certes, les mérites du capitaine Powers avaient déjà été reconnus… en 2000, soit 23 ans après sa mort, avec l’attribution de la Distinguished Flying Cross, qui récompense, pour les aviateurs, « l’héroïsme et les réussites extraordinaires réalisées en vol aérien ».

Le 1er mai 1960, la capitaine Powers devait donc mener une mission de reconnaissance, dont le plan de vol passait par Peshawar, au Pakistan, jusqu’à Bodo, en Norvège. L’objectif était de vérifier, au profit de la CIA, des informations selon lesquelles un site de défense aérienne était opérationnel dans la région de Sverdolvsk. Ce qui, manifestement, était le cas…

Détenu par le KGB à la sinistre prison de la Loubianka, à Moscou, le pilote de U2 fut échangé contre un espion soviétique pris à l’ouest le 10 février 1962. Et il sera reproché à Powers d’avoir été abattu (certains estimèrent qu’il avait volé trop bas pour se faire avoir ainsi), de ne pas avoir ingéré le capsule de poison qu’il portait sur lui, ou encore d’avoir livré des secrets aux Soviétiques. Sur le plan diplomatique, cette affaire provoqua une crise entre Moscou et Washington et conduira à l’échec du sommet de Paris qui devait évoquer le sort de Berlin.

« Bien que très amoindri physiquement par le manque de nourriture, la privation de sommeil et la pression psychologique due à des interrogatoires constants, le capitaine Powers a toujours refusé de livrer des informations sensibles et d’être exploité à des fins de propagande » a toutefois reconnu l’US Air Force, dans la citation accompagnant la décoration, 50 ans plus tard.

La Silver Star a donc été remise aux petits enfants du capitaine Powers le 15 juin, par le chef d’état-major de l’US Air Force, le général Norton Schwarz. « La victoire de notre nation pendant la Guerre froide est due aux efforts de gens dévoués comme Gary Powers, qui, par leurs contributions régulières, ont abouti à un résultat monumental : la dissolution de l’URSS » a-t-il déclaré.

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